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plus difficiles devoirs en face des Allemands, envers les Français, envers les vivans et envers les morts. Voici ce que dit d’elle l’Officiel :


A montré dans des circonstances difficiles la plus grande énergie. Chargée des fonctions de secrétaire de mairie, et seule au moment de l’arrivée des Allemands, elle ne s’est pas laissé déconcerter par les menaces, et a tenu tête à leurs exigences avec une décision et un sang-froid remarquables. Lors du retour de nos troupes, elle a assuré le service du cantonnement et de l’alimentation ; elle a pris elle-même toute mesure pour l’identification et la sépulture de nos morts. Enfin, elle a su prévenir la panique au cours du bombardement par son exemple, son attitude et ses encouragemens à la population. (J. off. 4déc. 1914.)


Il y a quelque chose de tragiquement charmant dans la mort de Mme Sudre, morte pour qu’un enfant n’ait pas froid :


Au moment de l’entrée à Saint-Dié, et alors qu’on se battait encore dans la rue d’Alsace, s’est proposée comme parlementaire. A été tuée ensuite pendant le bombardement de Saint-Dié, le 29 septembre, dans les conditions suivantes : réfugiée dans une cave avec d’autres personnes, a tenu, au plus fort du bombardement, à aller chercher des couvertures pour un petit enfant qui se plaignait du froid. C’est en quittant la cave qu’elle a été mortellement frappée par un éclat d’obus, victime de son dévouement. (J. off., 24 janv. 1915.)


Enfin, voici un ménage d’instituteur et d’institutrice uni dans l’honneur d’une même citation : c’est le ménage Bougreau, de Sablonnières (Seine-et-Marne) :


Ont, au péril de leur vie, aidé quatre cavaliers français d’arrière-garde, surpris par l’ennemi, à se cacher dans leur propre maison, puis à s’enfuir pour rejoindre leur régiment. Contraint de rester debout, pendant un combat, au milieu des Allemands couchés, M. Bougreau fut blessé et gardé comme otage jusqu’au départ des ennemis. (J. off., 28 mars 1915.)


Je ne sais s’il y a un autre exemple d’une citation associant ainsi mari et femme. Il n’y en a pas en effet pour les deuils supportés avec un courage qui est le plus difficile et le plus dur des courages. On admire avec raison des généraux qui, plusieurs fois frappés dans leurs plus chères affections, continuent, sans sourciller, leur lâche de salut. Il y a de semblables exemples parmi des professeurs qui ne me pardonneraient pas de les nommer, et dont la foi patriotique et l’ardeur de propagande