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compte de la supériorité de ce genre d’obus, dans les circonstances favorables à son emploi. C’est, je le répète, le véritable obus-torpille, nom que l’on a donné fort improprement à un projectile aérien de la guerre de tranchée.

Après le combat du Doggerbank, du 24 janvier 1915, on avait admis dans les cercles maritimes que les avaries assez graves et assez particulières subies par le croiseur de combat Lion (qui portait alors, comme au 31 mai 1916, le pavillon de l’amiral Beatty), pouvaient avoir été causées par un obus de ce genre. J’ignore si cette opinion s’est trouvée confirmée. Ce que je puis dire, c’est que j’ai l’impression très nette que la Queen-Mary, sinon les autres croiseurs de combat, a été définitivement mise à mal par des engins sous-marins. Comme on le voit, il n’est pas nécessaire qu’un engin sous-marin soit une torpille automobile ou une mine automatique, et rien n’empêche désormais le canon d’ajouter cette palme à celles qu’il a méritées depuis longtemps déjà. Voilà qui fera plaisir à bien des gens…

Et les torpilleurs ? Et les sous-marins eux-mêmes ? Quel rôle ont-ils joué ? En ce qui concerne les torpilleurs, ou plutôt les « destroyers, » nul doute sur l’importance du concours qu’ils ont prêté aux grands bâtimens. Dans beaucoup de relations, il n’est question que d’eux, des Allemands, — que l’on savait d’ailleurs très bien entraînés, — comme des Anglais, toujours très audacieux, très « allans. » Il y aurait, au point de vue de la tactique de combat des escadres, d’intéressantes remarques à faire sur ce trait particulier du récit d’un officier de la flotte britannique : « Au début de l’engagement, nous tirions par-dessus notre rideau de « destroyers. » Les Allemands lancèrent alors les leurs en avant, de sorte que deux batailles se livrèrent simultanément, l’une centrale entre les « destroyers, » l’autre périphérique entre les grands bâtimens. » Attendons la confirmation des rapports officiels. En tout cas, on a signalé déjà les charges exécutées par les flottilles allemandes à la fin de la bataille, quand il a fallu couvrir la retraite de la Hoch see flotte. Les pertes subies par ces divisions de grands torpilleurs prouvent assez qu’elles n’ont pas marchandé leur dévouement.

Est-ce à un torpilleur, est-ce à un sous-marin allemand, qu’il faut faire honneur de la grave avarie qui paralysa le dreadnought Marlborough ? Je ne crois pas qu’on le sache