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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 35.djvu/606

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UN POÈTE SOLDAT AU « 1er ÉTRANGER »

HERNANDO DE BENGOECHEA

Je ne veux offrir à cette jeune tombe qu’un hommage ainsi qu’un bouquet ; je ne veux que saluer avec une admiration pieuse et triste ce fier jeune homme au nom sonore et doux, comme ceux-là des héros de Shakspeare... car, lorsque, dans quelques semaines, paraîtront les vers, et les proses, et les lettres de guerre d’Hernando de Bengoechea, personne ne pourra lire sans une émotion grave et presque tragique cet adorable poème en prose qui s’intitule Le Sourire de l’Ile-de-France. Bien avant la guerre, il fut conçu, il fut écrit, ce poème tendre et prophétique ; le jeune homme épris de rythme et de beauté qui en mesurait les cadences harmonieuses ne connaissait pas encore les signes précurseurs de son destin. Mais déjà, à cette contrée qu’il choisit comme une femme bien-aimée, à ce pays qu’il chérit dans son cœur, il offre sa jeunesse, son ardeur, ses élans, ses espoirs. Il l’appelle : « France, belle aux cheveux d’or, svelte, guerrière, toujours jeune, toujours vierge, la joie d’être aimée illumine ton doux visage… » Et plus loin : « On sait qu’elle vous bercera comme nulle autre. Oh ! que sa douce beauté m’est chère ! Je la regarde, je la regarde. M’aime-t-elle ? Se donnera-t-elle à moi ? Qu’importe ? je l’aime, je me livre à elle. Elle est celle à qui l’on veut tout