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REVUES ÉTRANGÈRES

QUELQUES FIGURES ALLEMANDES
« DU TEMPS DE GUERRE »


Weit vom Schuss, humoristisch-patriotischer Roman ans der Kriegszeit, par le baron von Schlicht. 1 vol. in-18, Berlin, librairie Otto Janke, 1916.


Mme Marga von Duffel était une belle et riche veuve qui, durant les premiers mois de l’année 1915, affolée par la perspective d’une incursion possible des Russes dans la Prusse Orientale, s’était enfuie précipitamment de son château, voisin de Kœnigsberg, pour venir se réfugier auprès d’une de ses cousines, « Madame veuve la conseillère d’administration » von Lengenfeld, dans une grande ville du centre de l’Allemagne. A peine âgée d’environ trente ans, « avec ses traits finement découpés, son nez d’une forme classique, et son abondante chevelure d’un blond sombre, » Mme von Duffel avait immédiatement émerveillé toutes les dames et demoiselles de la « société » de cette ville, comme aussi tout ce que la guerre y avait encore laissé de population masculine ; et, dès le lendemain de son arrivée, tout le monde s’était trouvé d’accord, là comme sans doute naguère à Kœnigsberg, ou à Dantzig, pour lui accorder ce qui paraît bien être resté, outre-Rhin, la forme suprême de l’éloge, — en reconnaissant et en proclamant « qu’il était impossible de rencontrer une femme allemande qui, même indépendamment de ses toilettes, eût aussi peu l’air d’être une Allemande. » De telle sorte que l’on devine aisément avec quel mélange naïf de plaisir et d’orgueil la fille de Mme von Lengenfeld, l’aimable petite Loni, deux ou trois jours après l’arrivée de sa « tante » Marga, a profité de la permission de