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les jeunes vicaires et curés aux lois sur les levées militaires.

Cruel est le langage des clubs, non moins cruel est celui des feuilles publiques. A Autun, la Société populaire engage les citoyens à surveiller étroitement les assermentés. A Metz, elle exhorte tous les prêtres « à abandonner leur bréviaire menteur. » Comme jadis les non-jureurs, les jureurs sont dénoncés : celui-ci a discrédité par son langage la fête anniversaire du 10 août ; celui-là a recommandé au prône le Pape et l’Église de France. Le mépris se verse à flots : « Les évêques avec leurs mandemens, écrit le Journal de Paris, font comme les rois avec leurs maîtresses ; ils s’achèvent. » Un jour, Suzor, évêque de Tours, se permet de dire : « Avec le mariage des prêtres, toute la religion est changée. — Si elle n’était pas changée, lui répond-on insolemment, vous ne seriez pas évêque métropolitain de Tours. » On dit de Font, évêque de l’Ariège : « Il est attaché comme la glu aux singeries de la religion ; » et de Rodrigue, évêque de la Vendée : « C’est le plus intolérant théologien qu’ait jamais vomi la défunte Sorbonne. » — Telles sont les attaques. Qui croire cependant ? Même sous cette épaisse couche d’injures, la protection perce encore. A la date du 7 juin 1793, nous lisons ce décret volé par la Convention : « La Convention nationale décrète que tout membre qui se permettra dans son sein de demander la déportation des prêtres salariés et soumis à la loi sera renvoyé pour huit jours de l’Abbaye. »

Les gens des Sociétés populaires, les administrateurs jacobins, entreprennent de détailler aux prêtres toutes les choses dont ils peuvent se passer. Ils peuvent très bien se passer de leur costume, à moins qu’ils ne soient au chœur. Même au chœur, il y a des superfluités qui rappellent l’ancien régime ; tels par exemple les serviles encensemens, ou bien encore les ornemens bizarres dont s’affublent les évêques. Bien entendu, plus de publications de mariages à l’église, plus de registres de catholicité. On peut pareillement supprimer les pompes funèbres ou bien encore, comme contraires à l’égalité, les recommandations nominatives des morts. Tous ces fanatiques d’irréligion ne négligent aucun détail ; car beaucoup d’entre eux ont été enfans de chœur ou séminaristes dans leurs jeunes années, et sont experts en impiété, avec des réminiscences de sacristie. — Et pourtant, malgré tout, l’Eglise officielle conserve certains dehors extérieurs qui font illusion. Le dimanche, en certaines