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Le premier de ces grands ouvrages, par ordre, non pas de date, — car il serait alors un des derniers, — mais d’importance, est le Traité d’économie politique théorique et pratique, en quatre volumes in-8o compacts, de plus de 2 400 pages à eux quatre, avec une table alphabétique permettant d’effectuer les recherches nécessaires dans la masse des chapitres.

Le mot pratique, annexé dans le titre au mot théorique, a pour l’auteur une signification prépondérante. La plupart des contemporains, dit-il, traitent l’économie politique comme une science scolastique, ne vivant que de distinctions subtiles et verbales. Il faut désormais faire entrer cette science en communication directe avec tout ce qui vit, et tout ce qui travaille. « Je me suis efforcé depuis trente ans, ajoute-t-il, de développer, dans tous les sens, mon expérience économique pratique, afin de fournir une substance abondante et nourricière à mes observations. » C’est bien là, en effet, ce que nous lui avons déjà vu faire, même avant qu’il prit la direction de l’Économiste français. « Tantôt à mon avantage, tantôt à mon dam, continue-t-il, j’ai pris des intérêts dans les entreprises les plus diverses, sur le vieux et le nouveau continent. » L’expérience devient d’autant plus démonstrative que, comme tout porte à le croire, les placemens furent heureux entre ses mains. Il trace ensuite de la manière suivante son autobiographie : « L’auteur a recherché la fréquentation de toutes les personnes qui pouvaient lui représenter les échantillons topiques des divers modes de l’activité humaine, grands banquiers, grands industriels, grands propriétaires, explorateurs, de même, les petits patrons, les petits cultivateurs, les ouvriers de fabrique… Il a pris une part active au mouvement colonisateur contemporain, et il a tenu en même temps à vivre de la vie rustique. » Tout, on le voit, était mis par lui au service de son instruction économique : : relations mondaines, gestion de sa fortune, voyages, promenades, séjour à la campagne. Son esprit ne demeurait jamais oisif, même quand il semblait devoir goûter un repos bien mérité. Sans abuser d’un éloge banal, on peut dire que tous les momens de sa vie furent consacrés au travail.

Avant d’entreprendre l’édification du monument ainsi construit à la gloire de l’économie politique et à sa propre gloire, est-il permis d’ajouter, Paul Leroy-Beaulieu en avait, pendant nombre d’années, élevé séparément les parties