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une diminution constante de l’écart très large séparant nos importations considérables de nos exportations très faibles.


Jetons un coup d’œil sur la carte mondiale de ces progrès. Situons exactement nos meilleurs cliens. Puisque le livre français entame la lutte avec le livre allemand, il est bon que nous sachions où sont ses amis, ceux qui souhaitent sa venue de plus en plus fréquente et tendent les mains vers lui, que nous sachions aussi où on ne le voit pas assez ou trop peu, alors que la victoire de nos armes lui promet partout pour demain un cordial accueil.

Au premier rang de notre clientèle, et de beaucoup, la Belgique. Dans l’année qui précéda la guerre, elle suffit à elle seule à absorber la moitié, ou peu s’en faut, de notre production exportée, exactement 56 047 quintaux sur le chiffre total de 132 590 établi par le Tableau général du commerce de la France. Là nos progrès ont été si rapides, que la consommation a doublé en neuf ans. Le livre à vrai dire a peu gagné, mais à l’endroit des périodiques la faveur de nos voisins a fait passer leur envoi du chiffre de 16 449, qu’ils atteignaient en 1905, à celui de 42 134 en 1913. Progrès aussi en Suisse. Si nos périodiques y sont, même en pays romand, bien moins lus qu’en Belgique, le livre en revanche a progressé de 1 691 quintaux en 1905 à 3 349 quintaux en 1913. Au Canada, c’est un véritable triomphe qu’a remporté la librairie française. De 653 quintaux en 1906 la vente de nos livres s’est élevée jusqu’au chiffre de 3181 en 1916. Elle a quintuplé. Presque partout à travers le monde, nos livres ont vu se doubler le nombre de leurs acheteurs, en Italie, aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil. Si la situation en Egypte est restée stationnaire, nous marquions avant la guerre un point en Turquie. Un seul échec : en Espagne. Le succès de nos armes aura vite fait de le réparer. Avec le revirement plus sensible de mois en mois de l’opinion espagnole à notre égard, la voie se prépare lentement, mais infailliblement, pour le passage de nos productions littéraires, scientifiques et artistiques. Quant à nos exportations en Angleterre, leur chiffre n’a guère varié depuis dix ans, mais il n’y a sans doute nulle témérité à escompter chez nos loyaux et fidèles alliés une pénétration plus large du livre français.