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il ne doit certainement rester que fort peu pour le transit.

Finissons-en donc une fois pour toutes avec la légende, suivant laquelle la librairie française serait indirectement aux mains des commissionnaires allemands. Chez nous, par suite de la centralisation du livre à Paris, le commerce d’exportation se fait en général directement. Chaque éditeur a ses cliens et ses correspondans par le monde et traite avec eux sans intermédiaire. La méthode a ses avantages ; elle présente aussi des inconvéniens : si, en effet, quelques grandes maisons françaises peuvent avoir à l’étranger leurs représentans et lancer au loin des voyageurs, il en existe d’autres, et de tout premier ordre, publiant des ouvrages de valeur, à qui il est matériellement impossible de supporter seules les frais considérables nécessités par une sérieuse représentation par delà les frontières et de l’autre côté des mers.

C’est dans cette direction qu’il faut faire porter notre effort et notre action, en opposant à l’organisation allemande, adaptée au caractère allemand, une organisation qui nous soit personnelle et convienne à notre tempérament. Quelle heure serait mieux choisie que celle où la librairie allemande, embouteillée par la guerre, voit à peu près partout s’arrêter son activité entravée, ligotée ? Dieu merci, nous n’avons pas laissé passer cette heure, et dès aujourd’hui la lutte est engagée, la bonne œuvre entreprise. Réunis en une « Société d’études pour l’exportation des éditions françaises, » un certain nombre d’éditeurs parisiens préparent la publication de catalogues, qui ne soient pas inférieurs à ceux de l’Allemagne, et projettent des voyages en commun à l’étranger pour y fonder des dépôts, en même temps que la création à Paris d’un organisme central. Armés d’une forte instruction professionnelle, des commis libraires, accrédités par la Société, iront fonder au loin des maisons de vente, où le livre français se présentera en place avantageuse, offert au client par un homme connaissant à fond son métier. L’effort commercial se doublera d’une active propagande menée par des voyageurs auprès des bibliothèques importantes qui disposent de fonds d’achats, des Universités, des Facultés des Sciences et de Médecine. Nous n’aurons garde d’oublier la publicité, dont nous nous imaginons toujours trop facilement dans notre candeur, nous autres Français, que nous pouvons nous passer. Si bonne que soit notre cause en elle-même, nous chargerons les journaux des pays où nous voulons pénétrer ou progresser, d’annoncer