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exemples. Tout est rapidement rentré dans l’ordre, avec la collaboration active de chefs indigènes, les plus respectés de leurs coreligionnaires. Dans les districts de colonisation française, dans les communes mixtes où parfois des familles européennes sont isolées parmi des milliers d’indigènes, les femmes des colons mobilisés ont montré, avec la vaillance au labeur des paysannes de France, un courage, un esprit de discipline et de direction auxquels M. Lutaud, gouverneur général, rendit justement un public hommage.


Ainsi les colonies ont paré aux dangers d’une crise qui les surprenait en pleine évolution ; elles ont mis en pratique la fière devise de l’Italie contemporaine, fare da se. Elles se sont elles-mêmes affermies pendant la guerre ; elles ont porté leur effort, sur les terrains d’outre-mer, au delà de leurs propres limites, et directement participé à la guerre sur son théâtre principal. Cette confirmation de la puissance française aux colonies n’est nulle part plus sensible qu’au Maroc. La préface que le général Lyautey écrivait, en janvier 1916, pour le rapport général sur le protectorat à la veille de la guerre, fait ressortir cette avance, réconfortante et vraiment glorieuse. Vainement les agens de l’Allemagne encouragent les chefs qui nous sont hostiles, Abd el Malek au Nord, El Hiba au Sud et, dans la banlieue de Tanger, ce Raisuli dont les Espagnols ont fait témérairement un de leurs auxiliaires. L’abolition de la protection allemande et autrichienne, l’arrestation des résidens ennemis les plus compromis, l’arrivée de plusieurs milliers de prisonniers qui furent employés sur les chantiers de travaux publics ont démontré aux Marocains ce que valent les fanfaronnades germaniques ; ils s’attachent plus volontiers désormais à la France, qui leur apparaît forte en même temps qu’elle les enrichit.

Ce sont des troupes coloniales qui ont conquis les colonies africaines de l’Allemagne voisines de nos possessions, le Togo et le Cameroun ; elles ont opéré en liaison tout amicale d’un côté avec les Anglais, de l’autre avec les Anglais et les Belges. L’occupation du Togo fut relativement facile, bien que, de là, les Allemands eussent tout préparé pour envahir notre Dahomey ; un gouverneur allemand du Togo, en visite dans cette colonie et invité à notre revue du 14 juillet, en 1908, ne faisait-il pas