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suggérer aux indigènes que les Français renonçaient à leur territoire et déjà rendaient au chef de leurs successeurs les honneurs militaires ! Dès septembre 1914, tout le Togo était aux mains des Alliés ; les Allemands avaient, avant de se rendre, détruit une puissante station de télégraphie sans fil, élevée dans le plus grand mystère, qui devait notamment guider leurs corsaires dans l’Atlantique méridional. L’administration des territoires du Togo a été réglée à l’amiable, provisoirement, par les autorités anglaises et françaises des colonies limitrophes, Gold Coast et Dahomey ; les deux métropoles n’ont eu à intervenir que pour approuver cette convention, sanction de l’heureuse initiative des troupes et des fonctionnaires de leurs colonies.

La campagne du Cameroun fut, au contraire, longue et pénible ; elle ne fut terminée qu’au début de 1916, par la retraite des derniers contingens allemands sur le territoire espagnol du Muni, où ils furent désarmés. On se rappelle que le traité du 4 novembre 1911 avait cédé à l’Allemagne, en échange de ce que nous pouvions croire son désintéressement au Maroc, une portion notable de notre Congo et notamment deux « piqûres » par où ce « nouveau Cameroun » s’avançait jusqu’à la rencontre du Congo belge, au contact des biefs navigables du bassin intérieur. Quand la guerre éclata, les Allemands, avec leur mauvaise foi coutumière, chicanaient sur l’extension de ces piqûres ; nous étions sur le point de porter ce litige devant la Cour de La Haye. Le premier soin de nos troupes d’Afrique Equatoriale, au début des hostilités, fut de réoccuper le territoire cédé, où déjà les Allemands avaient accumulé d’importantes défenses ; mais nous n’en sommes pas restés là et, peu à peu, l’ancien Cameroun tout entier a subi le sort du nouveau. Ainsi ce sont les coloniaux français qui ont vengé notre Afrique Equatoriale des sacrifices imposés par le traité de 1911, et préparé pour cette région le remembrement interallié du continent noir.

La conquête du Cameroun affranchit de tout souci les Belges, qui étaient comme nous menacés par l’insatiable ambition allemande. La neutralité spéciale de leur colonie congolaise avait été violée, à la fin d’août 1914, par une attaque des Allemands contre un poste belge du lac Tanganika ; dès lors, les troupes du Congo belge prirent part aux opérations contre le Cameroun, de même qu’elles ont concouru plus tard avec les Anglais à l’investissement de l’Est-africain allemand : les drapeaux