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coloniales pour l’abatage industriel du bétail et la conservation frigorifique des viandes. Dès avant la guerre, des essais avaient été tentés par quelques municipalités de France, pour recommander au public ces viandes, très saines, d’usage courant depuis longtemps en Angleterre et contre lesquelles se coalisaient la prévention des cliens et la jalousie de la concurrence. Les soldats aux armées, souvent ravitaillés en « frigo, » auront beaucoup contribué à faire justice de ces routines ; mais nos colonies, si riches en bétail, n’ont encore expédié que de médiocres quantités ; il faudra beaucoup plus, pour atténuer, après la guerre, la rigueur de la vie chère. La Nouvelle-Calédonie, trop éloignée d’Europe, trouve cependant des acheteurs pour sa fabrique de Gomen-Ouaco, sur son propre territoire et en Océanie. Madagascar est voisine du très important marché britannique de l’Afrique australe, et a pu aider à l’approvisionnement des troupes alliées engagées dans l’Est africain allemand. Pour la France elle-même, il faut compter de préférence sur l’Afrique Occidentale, où déjà l’usine de Lyndiane, près Kaolack, emploie un millier de noirs ; une autre sera bientôt mise en train à Dakar ; des projets analogues sont à l’étude sur la côte atlantique du Maroc, où l’on entend ne pas négliger, non plus, le poisson qui abonde dans ces parages. En même temps que des alimens, le bétail ouest et nord-africain a fourni pour les armées des laines, des peaux (mouton et chèvre) qui ont été particulièrement utiles pendant les rudes hivers des tranchées. Les oléagineux d’Afrique (arachides et palmistes), les alcools de riz d’Indochine ont été travaillés dans des fabriques métropolitaines d’explosifs.

Les chiffres de 1916 montrent que toutes nos colonies, vendant des produits bruts et recevant relativement peu d’articles fabriqués, ont vu leurs exportations se relever et dépasser beaucoup leurs importations. Mais elles n’avaient pas attendu cette amélioration de leur balance commerciale pour participer en capital aux emprunts de la France. Non seulement les trésors coloniaux, notamment par leurs caisses de réserve, et les Banques Coloniales (Indochine, Afrique Occidentale, Algérie, etc.) ont largement souscrit aux émissions de rente perpétuelle et aux Bons de la Défense nationale, mais l’élan a été général, parmi les résidens français et les indigènes : avant l’emprunt de 1916, les souscriptions de l’Algérie atteignaient 370 millions de francs ; la Banque de l’Indochine, qui a aussi des guichets dans nos