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La bataille d’arrêt a duré du 21 février au début de septembre 1916 : c’est la borne. Elle a préparé la victoire qui a été remportée dans les actions des 24 octobre et 15 décembre 1916.

Lors de l’anniversaire du 21 février, le Journal de Genève a ainsi dégagé le sens de Verdun : « La bataille de Verdun marquera dans l’histoire le déclin de la puissance allemande… Lorsqu’on a vu, après des mois d’une lutte écrasante, les soldats allemands reculer sur le terrain qu’ils avaient conquis en pataugeant dans le sang de leurs camarades, le monde a compris d’un coup le symbole de la guerre. »


Verdun a pris d’emblée dans l’histoire la mystérieuse puissance de la légende. Une matière épique est là rassemblée qui formera plus tard, dans notre littérature, le cycle de Verdun, comme il y eut, au temps des Croisades, le cycle de Charlemagne et celui de Guillaume d’Orange.

Je n’ai pas eu de peine à rapprocher Les derniers jours du fort de Vaux[1] de la Chanson de Roland. À travers les siècles, c’est, selon la juste vision de Barrès, le visage éternel de la France.

Au cours de la bataille de Verdun, sur les trente forts qui montent la garde autour de la vieille forteresse, deux furent faits prisonniers : Douaumont, le 25 février 1916, et Vaux le 7 juin. Les captifs ont été délivrés, Douaumont le 24 octobre 1916, et Vaux le 3 novembre suivant. C’est, ici, l’histoire de leur délivrance.


Leur délivrance a été précédée de formidables assauts allemands contre la colline et le fort de Souville, principal rempart de Verdun. Ces assauts furent livrés les 23 juin, 11 juillet, 1er août et 3 septembre, et furent coupés de nos contre-attaques sur Thiaumont, Fleury et Vaux-Chapitre, destinées à maintenir notre ligne. L’ensemble peut prendre ce nom : la bataille devant Souville.

L’histoire en sera écrite un jour : Fleury, Thiaumont sont des noms qui égaleront ceux de Douaumont et de Vaux. A

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre 1916.