Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partir de juillet, l’adversaire, ne disposant plus des moyens suffisans pour alimenter le combat sur les deux rives à cause de notre offensive sur la Somme, restreint son effort à la rive droite, entre la côte du Poivre dont il occupe la majeure partie et le fond de la Horgne à l’Est du fort de Vaux. C’est par là qu’il entend forcer le passage : il accumule sur ce point le matériel et les effectifs.

Sur ce champ de bataille circonscrit, la principale ossature du terrain est constituée par deux longues arêtes, l’une orientée du Nord-Est au Nord-Ouest : Douaumont-Froideterre, l’autre orientée du Nord-Ouest au Sud-Est : bois Nawé-Fleury, Ces deux mouvemens de terrain se soudent à hauteur de Thiaumont, composant ainsi une sorte de croix inégale. La branche Sud-Ouest de la croix sur laquelle est accroché, légèrement à contre-pente, le village de Fleury, couvre deux ravins, le ravin des Vignes et le ravin de la Poudrière. Les pentes Nord-Est de Fleury, plus régulières, ne sont entaillées que par le ravin de Chambitoux qui sépare le terrain boisé de Vaux-Chapitre de la cote 320. Ce ravin de Chambitoux est coupé perpendiculairement par le ravin du Bazil et prolongé vers le Nord par les Fausses-Côtes. Tous ces vallonnemens défilés servent de cheminemens à l’infanterie ennemie qui, de Douaumont, sa place d’armes, cherchera à progresser vers Fleury-Souville par l’itinéraire Fausses-Côtes-Chambitoux et, plus tard, par les couverts de Vaux-Chapitre.

La branche Nord-Ouest de la croix, celle du bois Nawé, se replie face au Nord et vient mourir au Nord-Est de Bras, au-dessus de la Meuse. Trois ravins parallèles à cette croupe, le Helly, la Couleuvre et la Dame, descendent de Douaumont vers le ravin de Bras. Ce sont aussi des cheminemens pour l’infanterie allemande qui, de la ferme Saint-André, cherchera à atteindre Thiaumont par l’itinéraire les Fosses, les Chambrettes, les pentes Est et Ouest de la cote 378. Notre artillerie vigilante aura vite fait de la rejeter dans le ravin du Helly qui la conduira à l’inévitable halte de Douaumont. Mais après, ce sera la descente hardie et périlleuse sur les pentes à découvert de Douaumont à la ferme de Thiaumont. Nos observateurs en avions saisiront leurs colonnes, et les leçons données à leur audace seront si sanglantes que l’ennemi préférera changer de parcours en l’allongeant et amener ses renforts vers Thiaumont