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devant la double haie de chasseurs à pied. A voix basse, sous les armes, un soldat décoré de la médaille militaire, qui doit connaître son monde, énumère, pour son voisin tout jeunet qui doit être une nouvelle recrue, les noms des arrivans :

— Mangin, Nivelle, Pétain, Jofîre. Des civils. Un Anglais, un Russe, des étrangers. Le ministre de la Guerre. Le Président.

Un à un, tandis que les clairons sonnent aux champs, le chef de l’Etat, les ministres, les généraux, les chefs des missions alliées, l’adjoint de la ville de Verdun remplaçant le maire que la maladie rend indisponible, les sénateurs et députés de la Meuse, le préfet du département, le sous-préfet de la ville défilent entre les chasseurs et disparaissent sous la voûte. Ils suivent le long couloir qui les conduit à la casemate aménagée où se déroulera la cérémonie.

Sur l’estrade a pris place le Président de la République. Il est entouré du ministre de l’Intérieur, du ministre de la Guerre et des cinq généraux : le généralissime, le général Pétain commandant le groupe des armées du centre, le général Nivelle commandant la IIe armée, le général Mangin qui commande le secteur, le général Dubois commandant d’armes. L’adjoint au maire, qui représente Verdun, fait face au chef de l’État ; le coussin où seront épinglées les décorations de la ville lui sera remis tout à l’heure. D’un côté de la salle voûtée sont rangés les représentans des groupemens alliés, le général Gilinsky pour la Russie, le général sir A. Paget pour la Grande-Bretagne, le général di Breganze pour l’Italie, le major Monschaert pour la Belgique, le général Stefanovitch pour la Serbie, le général Gvosvitch pour le Monténégro.

Le silence s’est fait, immédiat. Le Président de la République française prend la parole. Il dit le projet d’hommage à Verdun, venu spontanément à l’Empereur de Russie en même temps qu’il était formé par le Gouvernement de la République, et l’adhésion de toutes les Puissances de l’Entente. Il dit le rendez-vous donné dans « cette citadelle inviolée » pour offrir un pieux tribut de reconnaissance à ceux qui ont sauvé le monde et à la cité qui a payé de ses blessures « la victoire de la liberté. »

« Messieurs, voici les murs où se sont brisées les suprêmes espérances de l’Allemagne impériale... »

Il dit le double objectif poursuivi par l’Allemagne : devancer