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et empêcher l’offensive que les Alliés préparaient, s’emparer d’une place dont le nom historique rehausserait, dans l’imagination allemande, l’importance militaire.

« Les débris de ces rêves germaniques gisent maintenant à nos pieds. »

Il dit le plan d’action des Alliés élaboré à Chantilly, au Grand Quartier Général, les 6, 7 et 8 décembre 1915, sous la présidence du général Joffre et sur la proposition de l’état-major français, et destiné à coordonner les opérations de la coalition sur l’ensemble indivisible du front de combat. C’est ce plan dont l’Allemagne a voulu, par son attaque du 21 février sur Verdun, rompre l’exécution.

« Les admirables troupes qui, sous le commandement du général Pétain et de général Nivelle, ont soutenu, pendant de si longs mois, le formidable choc de l’armée allemande, ont déjoué, par leur vaillance et leur esprit de sacrifice, les desseins de l’ennemi. »

Elles ont permis la réalisation du plan des états-majors. Une à une, les offensives prévues ont été engagées : celles de la Russie les 4 juin et 2 juillet, celle de l’Italie sur Gorizia le 25 juin, celle de la France et de l’Angleterre sur la Somme le 1er juillet.

« Honneur aux soldats de Verdun ! Ils ont semé et arrosé de leur sang la moisson qui lève aujourd’hui. »

Par eux ces deux syllabes de Verdun ont pris un sens tout autre que celui que l’Allemagne prétendait leur attacher.

« Ce nom de Verdun, auquel l’Allemagne, dans l’intensité de son rêve, avait donné une signification symbolique et qui devait, croyait-elle, évoquer bientôt, devant l’imagination des hommes, une défaite éclatante de notre armée, le découragement irrémédiable de notre pays et l’acceptation passive de la paix allemande, ce nom représente désormais chez les neutres, comme chez nos alliés, ce qu’il y a de plus beau, de plus pur et de meilleur dans l’âme française. Il est devenu comme un synonyme synthétique de patriotisme, de bravoure et de générosité. »

Ainsi est dégagé le sens de la bataille de Verdun. Certes, il tire sa grandeur de bien des ruines et des sacrifices. Les pierres comme les poitrines humaines ont souffert et, plus que ces stoïques poitrines de chair, elles ont gémi.