Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

matérielle. Il faut, pour obtenir le résultat désiré, non seulement exiger du personnel responsable la compétence nécessaire, non seulement établir un contrôle sévère et efficace, mais inspirer à tous l’attachement sincère à la mission qui leur incombe et l’amour-propre professionnel. L’État ne doit pas se borner à édicter de vaines circulaires sur la conduite rationnelle des appareils évaporatoires ; il doit, en outre, en faciliter l’application pratique par l’organisation d’écoles de chauffe où, durant leur service militaire, mécaniciens et chauffeurs recevront une éducation appropriée, leur permettant, plus tard, de mener ou de diriger la chauffe de telle sorte que leur méthode ne place pas l’armement français dans une position désavantageuse. Il est vraiment désolant que notre pays, qui produit de bons ouvriers, n’ait pas été capable de former des spécialistes de la chauffe d’une valeur équivalente à celle des chauffeurs de la marine anglaise.

Ainsi le navire n’est même pas parti que son armateur a déjà connu les tribulations les plus diverses. Il a dû multiplier les démarches pour se conformer à des textes si peu pratiques qu’on est obligé à chaque instant d’y déroger. Bien heureux même si, après des courses nombreuses et des discussions énervantes, il a pu trouver sur place les élémens voulus pour constituer son équipage réglementaire. En présence de ces faits, les bonnes volontés hésitent à s’offrir. On comprend du reste qu’il fallût avant la guerre une singulière audace pour embrasser la profession d’armateur.


L’ÉQUIPAGE

Le navire est appareillé : cellule vivante, détachée de l’organisme national. Avec son capitaine, représentant l’ordre public, ses officiers, ses matelots, ses ravitaillemens de toutes sortes, le voilà qui flotte sur la mer. Il porte dans ses flancs des marchandises et des passagers. Il s’agit donc d’assurer le voyage et de l’assurer dans des conditions d’économie ouvrant la faculté à l’armateur, après avoir soldé toutes ses dépenses, prélevé la part des frais généraux et amorti son matériel, de réaliser, sur le prix du fret, un honnête bénéfice.

« La sécurité du navire et des gens embarqués, l’accomplissement heureux de l’expédition ont pour condition absolue