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LES ENTRETIENS DU COMTE CZERNlN
D’APRÈS LE LIVRE ROUGE AUSTRO-HONGROIS
(22 JUILLET 1914 — 27 AOUT 1916)

Parmi les documens diplomatiques récemment publiés, peu de journaux ont signalé le Livre rouge austro-hongrois sur les affaires roumaines. La brochure (68 pages) est pourtant intéressante à parcourir, car elle contient la correspondance échangée du 22 juillet 1914 au 27 août 1916 entre le Ballplatz et le représentant de l’Autriche-Hongrie à Bucarest. Or, ce diplomate n’était autre que le comte Czernin, un Tchèque devenu aujourd’hui président du Conseil commun et ministre des Affaires étrangères de la monarchie dualiste. Dans les lettres écrites par ce haut personnage qui fut le confident et l’ami de l’archiduc François-Ferdinand, on suit, pour ainsi dire, au jour le jour, pendant plus de deux ans, ses impressions recueillies tant a la Cour qu’auprès des principaux hommes politiques roumains comme aussi ses pronostics tirés de ce qu’il voyait et entendait dire autour de lui. Jamais, il faut lui rendre cette justice, le comte Czernin ne s’est mépris sur les sympathies de la grande majorité des Roumains à notre égard, ni sur leur ardent désir de profiter de « la grande guerre » (suscitée par les Puissances centrales), pour arracher à la Hongrie cette Transylvanie où 1 500 000 « frères séparés » gémissent sous le joug de fer des Magyars. Nous verrons avec quelle clairvoyance il annonça, deux mois avant l’événement et malgré toutes les