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représentans de la Monarchie dualiste à l’étranger, de communiquer au gouvernement auprès duquel il était accrédité, la note que le Ballplatz allait envoyer à Belgrade, note à laquelle la Serbie était mise en demeure de répondre catégoriquement dans les quarante-huit heures. On se rappelle en quels termes outrageans était rédigé cet ultimatum et les exigences inouïes qui y étaient formulées. Cependant, le gouvernement serbe, désireux d’éviter à tout prix une guerre à laquelle il n’était nullement préparé, céda sur tous les points, sauf deux petites réserves, ajoutant, d’ailleurs, « qu’il était toujours prêt à accepter un accord pacifique et à remettre cette question soit à la décision du Tribunal international de la Haye, soit aux Grandes Puissances. »

Le 26 juillet, malgré la demande pressante du gouvernement russe pour obtenir une prolongation du délai imparti à la Serbie, le gouvernement austro-hongrois rompait brutalement les relations diplomatiques avec Belgrade. Le comte Berchtold, en chargeant le comte Czernin d’annoncer la nouvelle au roi de Roumanie, ajoutait :


Le Roi sait combien Sa Majesté Apostolique a l’amour de la paix et le sentiment de sa haute responsabilité... Malheureusement, il ne reste plus d’espoir de trouver une issue pacifique. L’Autriche-Hongrie ne poursuit aucun plan égoïste en Serbie, mais elle doit défendre ses droits contre un voisin dont toute la politique vise à détacher de la Monarchie les populations des frontières. Il faut en finir.

Nous ne prétendons à aucun agrandissement territorial en Serbie. Aussi avons-nous l’espoir que, si une guerre devient nécessaire, elle pourra être localisée.

Nous attendons de la fidélité du Roi aux traités et de sa haute sagesse qu’il maintienne la Roumanie dans une stricte neutralité. Nous-mêmes, nous souvenant de nos devoirs d’alliés, nous ne prendrons aucune décision pouvant toucher aux intérêts de la Roumanie sans nous être entendus avec elle. Si la Russie prenait une attitude agressive à notre égard, nous compterions sur la loyale coopération de la Roumanie comme étant notre alliée [1].


Le roi Carol, alors fixé dans la résidence d’été de Sinaïa, accueillit cette communication en garantissant la stricte neutralité

  1. C’est nous qui soulignons ce passage.