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ces origines et de rompre définitivement une alliance qui n’avait jamais été approuvée par la nation et qui n’avait pas d’existence légale, puisque le Parlement n’avait pas été appelé à la ratifier [1].

« Je me suis vaincu moi-même, a déclaré le Roi dans la réunion du 27 août 1916, et c’est fort de cette victoire que j’ai donné mon approbation à la décision de mon gouvernement. Grâce à mon armée, à mon peuple, au concours de tous, nous ferons la grande Roumanie ! »

Bien que, quelques semaines plus tard, l’événement ait paru démentir cruellement ces prévisions ; bien que, par suite du manque de concours de la Russie, par suite d’infâmes trahisons sur lesquelles il serait prématuré d’insister, une grande partie de la Roumanie subisse aujourd’hui, comme la Belgique et la Serbie, le joug de l’ennemi, nous avons la ferme conviction qu’un avenir, prochain justifiera la décision prise par le roi Ferdinand d’accord avec son peuple et nous ne saurions mieux faire que de clore ces lignes comme nous terminions une étude publiée ici même le 1er novembre 1914 sur le roi Carol : « Carol a été le premier roi de Roumanie ; Ferdinand sera, lui, le premier roi roumain. »


JEHAN DE WITTE.

  1. Une preuve qu’en dépit du traité secret l’Allemagne ne comptait guère sur l’alliance roumaine a été donnée récemment par M. Charles Nordmann qui, dans un de ses intéressans articles scientifiques, nous a appris que nos ennemis, en fournissant des canons Krupp à l’armée roumaine, avaient eu soin de « saboter » systématiquement un détail optique fait pour assurer la justesse du tir. « Les Allemands se réservaient naturellement, si la Roumanie marchait avec eux, de corriger cette défectuosité au moment voulu. Au contraire, si elle se déclarait contre eux, le fonctionnement de son artillerie était compromis. » (Voyez la Revue des Deux Mondes du 1er mars 1917, p, 218.)