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foie, leur rein, leur rate, leur cœur, leurs poumons, sont plus ou moins affaiblis. Il est clair qu’à cet égard aussi le travail fait aux champs en plein air sera beaucoup plus propre à fortifier les convalescens et favorable à leur état général, que les gymnastiques physiothérapiques faites, toutes portes closes, dans les salles des hôpitaux.

Le docteur Bergonié a voulu en un mot créer la physiothérapie agricole, et il a eu foi dans ce qu’elle pouvait faire de blessés qui seraient, grâce à elle, traités en hommes et non plus en machines à expériences, qui vivraient en plein air et librement sous la surveillance du médecin et y feraient un travail connu et aimé de la plupart d’entre eux, et seulement d’ailleurs pour guérir et non pas pour le résultat utilitaire qu’ils produiraient pourtant comme corollaire.

Tout cela était très séduisant en théorie. Mais dans la pratique, cela ne soulèverait-il pas des difficultés d’organisation ? et quels seraient finalement les résultats thérapeutiques et pratiques ? Ces questions, le docteur Bergonié n’a pas voulu qu’elles fussent préjudicielles et c’est pourquoi, avec une prudence toute scientifique, il a attendu pendant deux ans que l’expérience leur eût fourni une réponse avant de faire connaître son projet, voulant apporter au monde médical des résultats et non des promesses, des données et non des hypothèses.

Ces résultats et ces données ont été communiqués à l’Académie des Sciences dans une de ses toutes dernières séances et je voudrais ici dégager très brièvement les enseignemens qu’ils comportent.

L’expérience de la physiothérapie agricole a été faite avec toutes ses modalités et de la façon la plus complète depuis plus de deux ans dans un petit hôpital situé à Martillac, dans la Gironde, à la limite de la région des vignobles et de la région des pins et qui compte actuellement 125 lits. C’est là que le docteur Bergonié a substitué le travail agricole d’abord à la mécanothérapie, puis à toutes les méthodes de la thérapeutique physique. Ce travail agricole, par la gamme très riche des efforts à développer, des mouvemens à exécuter, des attitudes à prendre qu’il comporte, se prête au traitement de toutes les variétés d’impotences. Il suffit qu’une prescription du médecin indique le mouvement utile, proportionne l’effort à l’état des muscles et fixe le temps du travail : la nature du travail à exécuter s’en déduit immédiatement. C’est ainsi que l’on a été amené à prescrire la taille ou l’abatage des arbres, les semailles ou l’arrachage des pommes de terreaux blessés des épaules ; les transports à la brouette, le sarclage, le piochage, l’arrachage des vignes aux blessés des bras ; la taille au