Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais... il y a plusieurs mais : tout d’abord il est incontestable que certaines des méthodes physiothérapiques, comme l’hydrothérapie ou l’électrothérapie, provoquent des réactions utiles que rien ne peut remplacer ; mais les autres, celles qui imposent au blessé une sorte de gymnastique artificielle, celles-là présentent des inconvéniens qui ont apparu à l’expérience.

Le premier est que dans la rééducation des blessés, le succès dépend, pour les trois quarts, de la volonté ou plutôt de la bonne volonté du patient. Celui qui subit son traitement avec passivité — et cela est surtout vrai dans les impotences fréquentes et longues, consécutives aux blessures des nerfs, — celui-là risque fort de s’éterniser dans une demi-impotence. Celui qui au contraire recherche avec joie toutes les occasions d’exercer ses forces renaissantes, d’assouplir ses membres malades, de faire des progrès, celui-là a pour lui de grandes chances de réussite.

Il faut que le patient fasse sans ennui, sinon avec plaisir et avec intérêt, ce qu’on lui demande et c’est par là surtout que pèchent les gymnastiques physiothérapiques en usage, qui semblent, à l’homme du peuple habitué à l’action en vue d’un résultat connu, inefficaces et engendrent chez lui l’ennui, la fatigue nerveuse, l’incompréhension.

En outre l’expérience a montré que, pour refaire des muscles, résorber des œdèmes, assouplir des cicatrices, refaire des surfaces articulaires, innerver un territoire, quelques mouvemens artificiels qui ne peuvent durer que peu de temps chaque jour, à cause de la tension qu’ils exigent, sont bien loin de valoir des mouvemens naturels exécutés durant une grande partie du jour et accomplis presque d’une façon réflexe, c’est-à-dire sans fatigue, parce qu’ils sont habituels.

Un praticien éminent et de grand bon sens, — le professeur Bergonié de l’Université de Bordeaux, l’inventeur de l’ingénieux électro-vibreur si précieux pour les recherches des projectiles dans les plaies, — a voulu changer tout cela. Il s’est dit que 92 pour 100 de nos blessés sont aujourd’hui des agriculteurs, que plutôt que de leur faire tourner à vide des machines inutiles pour eux, il valait mieux les faire, doucement et sous la surveillance du médecin, rééduquer leurs membres au moyen des variétés infinies d’attitudes et de mouvemens que permet le travail agricole et entre lesquels le praticien peut choisir selon les cas.

De plus, les blessés ne sont pas lésés seulement par leurs plaies ; les fièvres, les infections et suppurations, la perte de sang, le long séjour au lit, tout cela affaiblit leur organisme tout entier ; leur