Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

partir chez eux. En un mot, ce système doit être adopté seulement comme une continuation de la cure en bonne voie ; il en est une récompense aussi, et son refus est une sanction éventuelle d’une volonté de travailler ou de guérir insuffisante.

4° Finalement, l’organisation qui a donné les résultats les plus favorables consiste dans l’emploi de petits centres hospitaliers agricoles à la campagne. Voici comment fonctionne un de ces centres. D’abord comme local, on peut employer un petit hôpital désaffecté, pourvu qu’il soit dans un bourg, un canton rural, ou mieux en pleine campagne. Au besoin, une école, une mairie, un ancien couvent, pourraient très bien convenir.

Comme personnel, il faut avant tout un médecin ayant une ou plusieurs de ces formations à surveiller, et entraîné déjà par un stage. Il faut en outre un gradé pour assurer la discipline militaire, lui-même blessé et ayant besoin d’être rééduqué. Enfin, le centre ainsi constitué a besoin d’un administrateur choisi parmi les personnalités du lieu, maire, conseiller général ou d’arrondissement, etc. qui sert de trait d’union entre les employeurs de la région et l’autorité militaire qui répartit les blessés. Quant au personnel subalterne d’une formation de ce genre, on conçoit qu’il puisse être très réduit.

Les blessés ainsi traités rentrent au petit centre hospitalier pour le repas de midi ou seulement celui du soir suivant leur état ; dans certains cas même, ils n’y rentrent que le samedi soir pour la visite et la contre-visite du médecin local et du médecin inspecteur venu du grand hôpital. Ils sortent du centre de rééducation agricole soit guéris pour retourner au front, sur l’avis du médecin inspecteur et la proposition du médecin traitant, soit pour aller chez eux en congé de travail, soit pour rentrer au grand hôpital en cas de maladie ou de nouvelle intervention chirurgicale nécessaire, en cas d’indiscipline, ou en cas de réforme. Toute cette organisation présente comme on voit beaucoup de souplesse et mille nuances modelées sur l’infinie variété des circonstances.

La place me manque pour entrer dans des détails plus complets relatifs à la surveillance médicale et disciplinaire, au traitement, au transport des blessés ainsi rééduqués. Je puis dire, cependant, que tous ces détails témoignent d’un ingénieux bon sens et d’un sentiment très avisé des nécessités ; tout cela, qui a fait ses preuves depuis plus de deux ans, fait honneur aux organisateurs de la station de Martillac qui dès maintenant a des filiales, ou plutôt des imitatrices dans d’autres parties du même département.