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qui, le lendemain de la victoire, fait les honneurs de sa maison. Il s’est installé dans un local aménagé au premier étage, déblayé en gros, et que la découverte de deux batteries d’accumulateurs a permis d’éclairer. Le lieutenant-colonel Régnier qui commande le régiment colonial du Maroc, son officier adjoint, le capitaine Monnerat, et son état-major, ont établi leur poste de commandement dans un abri du sous-sol. Déjà les visites commencent : voici le lieutenant Pichery, commandant une section de projecteurs, envoyé pour assurer les liaisons optiques et l’éclairage intérieur, voici le lieutenant Manhès chargé du service des tourelles. Des officiers d’état-major, des officiers du génie, de l’artillerie, se succèdent avec des missions spéciales. Il faut organiser le ravitaillement en munitions, en vivres, en eau, créer des pistes, rétablir les communications, nettoyer, rapproprier, reconstruire. Du haut en bas, le fort est étudié, scruté, interrogé, palpé. A la lueur des bougies, les cortèges se suivent, comme les bandes de touristes dans les châteaux du Rhin. Mais, dans les couloirs, il faut prendre garde aux cadavres et aux débris de toutes sortes.

— Nous n’avons pas encore la lumière électrique partout, explique en s’excusant le commandant Nicolaÿ, mais nos prédécesseurs ont eu l’attention de nous laisser des groupes électrogènes auxquels ne manque aucun organe essentiel. Leur remise en marche ne saurait tarder, et nous attendons un personnel spécial d’un moment à l’autre. Quant à la saleté des appartemens, elle dépasse toute imagination : un véritable fumier. Il faudra plusieurs jours pour les mettre en état.

L’état extérieur et intérieur du fort est l’objet des constatations suivantes :


Aspect général. — Tous les abords sont complètement bouleversés et comprennent une succession ininterrompue d’entonnoirs de diverses dimensions. On distingue encore nettement l’emplacement des fossés dont les côtés et le fond sont en fort mauvais état, les maçonneries étant presque entièrement éboulées, les talus détruits et la grille d’escarpe inexistante. Les réseaux de fils de fer n’existent plus. On trouve cependant quelques blocs de béton surmontés de morceaux, de piquets en fer ayant fait partie des créneaux. Les locaux de l’entrée du fort sont détruits. Cependant le passage voûté de l’entrée, protégé par 1 mètre de sable et 1 m. 50 de béton de ciment, semble avoir résisté, au moins dans sa partie centrale. Les deux