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la fuite et à se rallier au Nord du ravin du Helly. A la 9e division, les compagnies de première ligne du 7e grenadiers mirent bas les armes sans combattre ; les compagnies de deuxième ligne voulurent s’enfuir dans le ravin de la Fausse-Côte où elles furent abattues ou faites prisonnières. Trois compagnies du 154e régiment, alertées dans leurs abris du ravin de la Fausse-Côte, étaient venues s’établir vers trois heures de l’après-midi sur la crête Sud de ce ravin où elles essayèrent de résister. Mais bientôt entraînées par les fuyards du 7e grenadiers, elles battirent en retraite avec eux, dans le plus grand désordre, vers les bois d’Hardaumont. Toute cette colonne fut arrêtée, prise d’enfilade et massacrée dans le ravin de la Fausse-Côte par nos mitrailleuses mises en batterie à l’extrémité Est de ce ravin.

Cependant la débâcle du centre ne se propagea pas aux ailes. A l’aile droite, la 13e division de réserve résista vigoureusement derrière les organisations relativement solides des abords des carrières d’Haudromont. Notre 11e régiment d’infanterie n’en fut maître, nous le savons, que vers six heures du soir après un rude combat. A l’aile gauche, la 33e division de réserve et surtout la 50e division rendirent notre progression très pénible et la limitèrent, le 24, aux lisières Nord de la zone boisée qui entoure le fort de Vaux. C’est la bataille de Veaux qui continue, qui ne se terminera que par la prise du fort.

Ainsi la preuve est-elle faite par l’ennemi lui-même de notre efficace préparation d’artillerie et de l’élan de nos soldats.


Des carrières d’Haudromont au ravin de la Fausse-Côte, les vainqueurs organisent le vaste territoire reconquis. Mais ils n’ont pour se reposer qu’une boue glacée sous le bombardement ennemi. Dans la bataille moderne, un soir de victoire est un soir de peines et d’efforts. C’est le vainqueur qui n’a plus d’abris et qui, plus facilement repéré sur les positions qu’il occupe et que le vaincu occupait la veille encore, subit la pire averse de fer.

« Nous nous sommes installés, écrit à sa marraine un soldat du régiment colonial, dans un trou de 400 qui logeait facilement toute ma section. Là, dans ce trou, nous avons beaucoup souffert, la pluie s’étant mise à tomber, les pieds dans l’eau, pas moyen de dormir, il n’y fallait pas songer. Nous passions nos nuits et journées à grelotter de froid, et la faim également, car