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le ravitaillement était difficile. Enfin le jour de la relève arrive. Nous étions contens de nous, car nous avions fait ce qu’il était possible à des marsouins de faire... »

Le ravitaillement était difficile, Douaumont étant comme enveloppé de feu. Il fallait pratiquer une piste.

Oui, les nuits sont froides, la boue est glacée. Il pleut, chacun grelotte et peut à peine remuer ses membres transis. Qu’est-ce donc qui réconforte ces hommes privés de sommeil, presque de nourriture, et sans cesse menacés ? Un officier du 102e bataillon de chasseurs fait sa ronde de nuit. Il interpelle des chasseurs qui, malgré la fatigue, travaillent pour se réchauffer :

— Il fait froid, les petits gars.

— Qu’est-ce que ça fait, mon lieutenant ? On les a eus, on les aura. Ça réchauffe.

Les jours suivans, une série de contre-attaques allemandes échoue contre nos défenses déjà établies, et même la division de Salins progresse légèrement au delà du fort de Douaumont, et la division Passaga au ravin de la Fausse-Côte.

Après la relève, le général Guyot de Salins adressa cet ordre à sa division :


Le général commandant l’armée vous a déjà, au nom de la France, adressé les félicitations et les remerciemens de la Patrie ; je tiens à vous les exprimer de nouveau...

Le Kaiser allemand s’était vanté que, maître du fort de Douaumont, il tenait la clef de Verdun et y entrerait quand il le voudrait.

Pour reprendre Douaumont, la France a fait appel à sa plus belle division, à la vôtre.

Votre attaque, admirablement préparée par vos camarades artilleurs, a été un succès foudroyant. En trois heures vous étiez maîtres du fort de Douaumont et si vous n’êtes pas allés plus loin, c’est que vous en aviez reçu l’ordre formel.

Devant vos uniformes redoutés de marsouins, de zouaves, de tirailleurs, les Allemands épouvantés se sont rendus en masse. Vous en avez ramené près de 2 500 dont 50 officiers.

Soyez fiers de votre œuvre, car vous vous êtes couverts de gloire et, à vos noms, vous avez attaché à jamais le titre de « Vainqueurs de Douaumont. »

Au nom de la France : Merci !


Le général Passaga, à la division voisine, célèbre le culte des morts :