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rare complaisance et d’ailleurs presque toujours inobservés [1], enfin, comme je l’écrivais, il y a seize mois, à des tractations compliquées avec des « trusts » de grands négocians plus ou moins sincères, en tout cas dépourvus d’autorité et de moyens de coercition, comment pouvait-on laisser se produire des faits comme ceux que M. le député André Tardieu citait, le 30 mars dernier, à la tribune de la Chambre et qui prouvent jusqu’à l’évidence que ce sont les Alliés eux-mêmes, — « nos alliés surtout, » dit M. Tardieu, — qui ont, pour une certaine part, en 1915 et 1916, nourri, sous le couvert de la Hollande, le peuple allemand et ses armées ?

Passons sur des chiffres surprenans, cités à ce sujet par le distingué orateur que le gouvernement vient de charger d’une très importante mission aux Etats-Unis. Aussi bien, M. Denys Cochin, l’éminent sous-secrétaire d’État chargé du blocus, a-t-il, tout en reconnaissant l’exactitude générale des révélations de M. Tardieu, remis « au point » quelques assertions de détail et montré à la Chambre, — ce qu’elle savait déjà, du reste, — que le blocus que nous faisons subir à nos ennemis, s’il est incomplet, insuffisant, ne laisse pas d’avoir quelque efficacité.

De ces intéressans débats et de, ceux que la même question a provoqués en Angleterre, il résulte que les Alliés vont s’efforcer cet an-ci, — trop tard malheureusement pour empêcher que les empires du Centre puissent faire « la soudure ! » — de resserrer étroitement les mailles du blocus « au travers des neutres du Nord » et particulièrement des neutres limitrophes de l’Allemagne.

Mais par quels moyens ? Par des moyens nouveaux, décisifs ? Par les opérations d’ailleurs très variées et dont quelques-unes sont délicates, du blocus effectif ? Ou encore en mettant les neutres dont il s’agit en demeure de choisir entre les deux partis, puisque enfin il devient de plus en plus évident que leur neutralité est, par la force des choses, par le fait même de leur situation géographique et de leur faiblesse militaire, purement fictive et nécessairement favorable à l’Allemagne ?

Non, nous n’en sommes pas encore là. Nous y viendrons peut-être, mais pas avant que de nouvelles épreuves n’aient

  1. Notons encore avec M. Tardieu que, pour la Suisse, il y a 247 articles contingentés tandis que, pour la Hollande, il n’y en a que 21, et, pour le Danemark, 12.