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Conséquences : il faut venir à bout le plus tôt possible des sous-marins et il faut resserrer étroitement le blocus de l’Allemagne.

Réservons le premier point, qui nous occupera un peu plus tard, et considérons le second, le blocus que les Alliés font subir à l’Allemagne.

Pour les origines et les modalités premières de ce « blocus à distance, » auquel l’adversaire et les neutres ont toujours reproché de n’être pas « effectif » et par conséquent de n’ouvrir point en faveur du bloqueur le précieux droit de suite dont nous avons fait usage dès 1915, je prends la liberté de renvoyer le lecteur à mon étude du 15 février 1916 : Le nouveau blocus, où je montrais les inconvéniens et, en tout cas, l’insuffisance du système adopté par les Alliés, l’Angleterre en tête. En vérité, il n’était pas besoin d’être prophète pour faire, dès cette époque, sur l’efficacité du blocus de l’Allemagne « au travers des neutres, » les réserves dont on a découvert la justesse, il y a trois mois à peine. Il n’y avait qu’à réfléchir sur la puissance des intérêts particuliers et de l’appât du gain, qui rend si ingénieux les esprits les plus médiocres ; il n’y avait qu’à observer les faits et constater la crainte qu’inspirait l’Allemagne aux malheureux petits peuples limitrophes dont la neutralité la couvre et que, depuis longtemps, dans ses vastes et profonds desseins, elle considérait à la fois comme ses ravitailleurs naturels et comme les indispensables boucliers de son front septentrional, si vulnérable... N’avait-on pas, d’ailleurs, l’exemple du blocus continental et pensait-on pouvoir mieux faire que Napoléon, qui s’était vu mettre constamment en échec par les hommes de négoce, les courtiers, les entrepositaires, servis pan de hardis contrebandiers ?

Mais, s’il était imprudent de s’en fier pour un objet si grave à de simples visites de cargaisons que l’on relâchait presque toujours, — au grand dépit, reconnaissons-le, de l’Amirauté anglaise [1], — ou à des « contingentemens » calculés avec une

  1. Rapport du chef de l’Amirauté anglaise en 1916, cité par M. Tardieu : « Si l’Allemagne a finalement la liberté de recevoir les grands approvisionnemens de vivres et d’autres matières qui, en pratique, passent toutes entre nos mains avant de gagner ce pays (en empruntant les territoires neutres), il semble évident que le blocus ne produit pas les résultats que l’on pourrait attendre du nombre des navires arrêtés et que nous n’usons pas à fond de l’arme qui abrégerait la durée des hostilités. »