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sous-marins. Faut-il que je rappelle, entre cent autres faits, qu’il résulte de déclarations officielles que c’est en avril 1917, seulement, que le département de la Marine a été, chez nous, mis en mesure d’organiser méthodiquement ce que j’appellerai l’aviation anti-sous-marine ? Et l’armement des navires de commerce ? Et la multiplication des navires de chasse légers ? Et la constitution des convois et des escortes ? Et la fixation de certains itinéraires, de certaines routes, de certains ports ? Et la mise en pratique d’une foule de précautions destinées à dérouter le sournois adversaire, à déjouer les espions des ports de partance, à priver les sous-marins des services de leurs ravitailleurs clandestins ? Etc. etc.

Supposons que tout cela eût été fait ou entrepris dès la déclaration allemande de février 1915, n’en serions-nous pas plus près du succès ?

C’est une question cependant de savoir si, même dans ces conditions, le succès eût été complet, puisque, ne l’oublions pas, nos ennemis réussissent à construire plus de sous-marins que nous ne leur en détruisons ; ou, ce qui revient au même, que, réparant numériquement leurs pertes, ils produisent des types plus puissans, plus « endurans, » plus rapides, donc capables de faire plus de besogne dans le même laps de temps, capables aussi d’échapper plus aisément aux poursuites et aux embûches.

En réalité, il semble bien que l’Etat-major naval de Berlin ait résolu le double problème d’augmenter, en dépit de lourdes pertes, l’effectif de ses navires de plongée et de les perfectionner d’une manière sensible, en utilisant à la fois le bénéfice de l’augmentation du tonnage et les enseignemens de l’expérience [1].

Pouvons-nous espérer raisonnablement qu’en présence de progrès si marqués, ceux que nous faisons, — car nous en faisons, certes ! — dans l’application de l’exclusive méthode de

  1. Je saisis cette occasion pour mettre en garde mes lecteurs contre l’opinion qui semble se répandre que l’armement des navires marchands est la solution du problème de la lutte contre les sous-marins. Cette mesure, très judicieuse et trop longtemps attendue, n’est cependant qu’un bon moyen entre beaucoup d’autres. L’augmentation progressive du tonnage des submersibles va leur permettre de se créer une carapace à l’épreuve des obus de l’artillerie légère, et, d’autre part, il sera possible de leur donner un approvisionnement beaucoup plus fort de torpilles légères lancées par des tubes spéciaux.