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Aussi ne puis-je m’associer complètement à la certitude qu’exprime, dans la Nouvelle Revue, M. le député Victor Boret, dans son étude sur le rôle décisif que pourra jouer le blocus au printemps de 1918 et, bien moins encore, à la conclusion que cet homme politique tire de ses prémisses : « Puisque nous savons sûrement, dit-il, que, dans un an environ, c’est-à-dire dans l’été de 1918, la vie ne sera plus possible à nos ennemis qu’à la condition, non de nous offrir, mais de nous demander la paix, il ne faut pas sacrifier nos hommes au système de l’offensive quand même. Il faut, au contraire, nous organiser au front et à l’arrière pour vivre l’année qui nous donnera, par sa seule durée, la victoire certaine. »

Organisons nous, — à l’arrière surtout, où tout est encore à peu près à l’état inorganique, — organisons-nous pour « tenir » largement une année de plus : rien de mieux. Tout le monde y donnera les mains. Mais ne prêchons pas la défensive systématique, sous prétexte que « l’offensive quand même, » — si tant est que l’offensive actuelle ait ce caractère, — ne nous a pas donné tout de suite tous les résultats que nous en attendions et qu’elle nous a coûté des pertes dont on a, du reste, singulièrement exagéré le total.

Ceci nous conduit, après avoir vu rapidement ce que l’on voulait faire pour u intensifier)) le blocus, à examiner ce qu’il conviendrait effectivement de faire pour donner à cette méthode de guerre sa pleine efficacité.

Ce qu’il conviendrait de faire, c’est, évidemment, comme je le disais plus haut, de venir à bout le plus tôt possible des sous-marins. Le plus tôt possible, j’y insiste, puisqu’en définitive le facteur temps acquiert ici une importance capitale. Des deux adversaires qui se tiennent à la gorge, celui qui gardera le souffle le plus longtemps finira par terrasser l’autre. Encore faut-il que le premier réussisse promptement à desserrer l’étreinte qui menace de l’étouffer.

Quel regret d’ailleurs pour celui-ci de n’avoir pas su donner plus tôt tout son effort ! M. Tardieu a dit avec raison que, dès 1916, la « soudure » n’eût pu être faite en Allemagne si on avait fait subir à cette dernière, — même « au travers des neutres du Nord, » — le blocus que l’on pouvait lui imposer ; et, d’autre part, il est bien clair que l’on n’a opposé, en 1915 et 1916, que des moyens d’action insuffisans aux opérations des