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lorsqu’elle a organisé à grands frais et avec une louable persévérance l’immense barrage de filets et de mines qui, partant de la côte Sud du Jutland danois et pointant vers Flamborough (comté d’York), oblique brusquement à l’Est-Sud-Est pour rejoindre les eaux hollandaises de la Frise.

Ce barrage « à distance » et qui rappelle un peu malencontreusement le « blocus à distance » dont nous avons constaté l’insuffisance, n’a pas donné les résultats que l’on s’en promettait. Il y parut assez lorsque, dans les dernières semaines d’avril, le nombre des navires anglais de plus de 1 600 tonnes détruits par les sous-marins, passa de 17 à 18 en moyenne, par semaine, à 38 et 44. L’Amirauté avait pourtant, déjà, essayé d’augmenter l’efficacité du dispositif en rapprochant autant qu’il était possible, sans violer la neutralité des eaux territoriales, les extrémités du barrage des côtes du Jutland et de la Hollande[1].

Mais il est évident, d’une part, que la garde d’une barrière de plusieurs centaines de milles marins, — garde indispensable, cependant, — est fort difficile à organiser, de l’autre, que le barrage ainsi compris et disposé n’empêche pas, par exemple, les submersibles de Wilhelm’s haven ou ceux d’Helgoland de rentrer dans l’Elbe, de passer, de là, dans la Baltique, grâce au canal maritime, et de déboucher dans la mer du Nord par les détroits danois et le Skager Rack.

A-t-on pris, sur ce dernier point, les mesures absolument nécessaires ? Nous l’ignorons et devons l’ignorer. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’on ne peut considérer a priori comme définitivement efficace que l’occlusion de chacun des estuaires allemands de la mer du Nord, pris isolément, opération qui dépend du système général de la guerre de côtes et doit être poursuivie, avec une parfaite méthode, au moyen des engins spéciaux de cette guerre.

Inutile d’ajouter qu’il faut en même temps, — ou immédiatement après, — soit entrer dans la Baltique pour y procéder de la même façon, soit barrer complètement aux sous-marins ennemis la sortie du Sund et même celles du Grand-Belt et du Petit-Belt, par où ils pourraient se glisser dans le Cattégat,

  1. Le 18 mai, un grand torpilleur allemand qui, avec quelques autres, accompagnait un sous-marin, a sauté sur une mine en vue de l’île hollandaise de Shiermonikoog. Un croiseur auxiliaire qui, sortant de l’estuaire de l’Ems, accourait au secours a eu le même sort. Il est probable que ces bâtimens se sont heurtes à l’extrémité du barrage.