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en dépit des mines danoises de ces deux derniers détroits.

N’oublions d’ailleurs pas que les Allemands ont, il y a un an déjà, barré le débouché du Sund dans la Baltique pour empêcher les submersibles anglais d’y rentrer...

Mais, je le répète, ce sujet a déjà été suffisamment traité. Il n’en est pas de même, je crois, des réflexions que suggère nécessairement aux esprits attentifs et clairvoyans la constatation des mesures si énergiques et si judicieuses, — et parfaitement illégales, — au moyen desquelles les Allemands comptent parer au capital danger que leur ferait courir un blocus vraiment hermétique. Ces mesures sont telles qu’un ministre pouvait, il y a quelques semaines, affirmer au Reichstag que tout serait sauvé, si l’on franchissait le cap redoutable des mois de juillet et d’août 1917, « car, disait-il, notre ravitaillement sera mieux assuré en 1918 que cette année-ci. »

Que faut-il donc faire, de notre côté ? Rester partout sur la défensive et permettre à l’Allemagne de « tenir » encore au moins dix-huit mois, grâce aux ressources supplémentaires que lui fourniront les pays qu’elle occupe et ceux dont des alliés soumis tolèrent, bon gré mal gré, la mise en coupe réglée ?

Manifestement non ! et pour cent raisons que l’on me dispensera d’énumérer. Il est, au contraire, absolument indispensable de faire sur tous les fronts, — y compris le front Nord, — les efforts les plus vigoureux pour disputer aux empires du Centre la libre disposition de ces territoires sur lesquels semblent compter, comme ressource suprême, les profonds stratèges du grand état-major. Bien mieux, c’est précisément sur les fronts Est et Sud qu’il conviendrait, en bonne logique, d’agir avec le plus de vigueur et de gagner le plus de terrain.

Hé ! dira-t-on, comment faire, avec la révolution russe, d’un côté, la Grèce de l’autre, sans parler de l’ « infranchissable » coupure des Dardanelles et de l’obstacle, au moins moral, que nous oppose la neutralité danoise ?

Aucune de ces difficultés n’est insurmontable, et je me propose, — dans la mesure où cela me sera possible, — d’indiquer à larges touches, dans une prochaine étude, les solutions qui me paraissent satisfaisantes du plus grave problème que cette guerre extraordinaire ait encore posé à notre constance.


Contre-Amiral DEGOUY.