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à Pétrograd même. Il n’est que de s’entendre sur le véritable sens des mots « annexions » et « indemnités. »

M. Asquith, après lord Robert Cecil, à la Chambre des Communes, la semaine dernière ; hier, M. Ribot, à la Chambre des députés, ont fixé celui qu’ils leur donnent et que nous leur donnons, à l’exclusion des acceptions bâtardes dans le détour desquelles on prétendrait nous égarer. Résumons-les tous trois en affirmant qu’une reprise n’est pas une annexion ; que la revendication de provinces détachées de la patrie par une odieuse violence n’est pas une annexion, et en est même le contraire, une « désannexion, » a dit M. Vandervelde ; qu’une rectification de frontière, indispensable pour fermer les portes traîtreusement ouvertes à une invasion toujours menaçante, n’est pas davantage une annexion, mais une précaution légitime contre l’agression ; et, de même, que la réparation d’un dommage ou d’un crime n’est point une indemnité. Poursuivre la restauration des ruines dont la territoire national a été couvert n’a rien de commun avec le remboursement des dépenses volontairement faites pour la guerre ou, suivant l’expression de M. le président du Conseil, avec « l’amende » imposée au vaincu pour une faute qui n’est pas uniquement et qui peut-être n’est pas du tout la sienne. Dans l’espèce, nous avons affaire, nous Français, à l’Allemagne qui, en 1871, nous a dépouillés de l’Alsace-Lorraine, qui, par la Prusse, en 1815, et dès 1814, avait commencé l’amputation, en nous rognant, sur la Sarre, la Prims, la Lauter et la Queich, des lambeaux de chair ; à l’Allemagne qui a dévasté, brûlé, pillé, vidé dix de nos départemens, rasé nos usines, inondé nos mines, saccagé nos maisons, détruit nos monumens : reprises par conséquent, actions en restitution, mais non annexions ni indemnités. Et nous avons affaire, tous les Alliés ensemble, à l’Allemagne, aux Empires du Centre, qui occupent la Belgique, la Pologne, la Roumanie, la Serbie, le Monténégro. Lui faire rendre ce qu’elle a pris, ce qu’elle détient injustement, la mettre hors d’état d’en faire des annexions et de s’en faire des indemnités, tels ont été, tels sont et tels ; resteront nos « buts de guerre, » les « buts, de guerre » communs, qui sont nos conditions de paix, et que nous n’avons point à réviser. Tant que nous n’aurons pas obtenu et assuré cela, il n’y aura pas la paix, parce que, si cela n’est pas et obtenu et assuré, il ne peut y avoir de paix équitable, de paix stable, de paix durable.

Maintenant qu’on a répondu, non pas nous, qui n’engageons que nous, mais M. Ribot, lord Robert Cécil, M. Asquith, qui engagent la