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Dépôt qu’il faut contourner pour le prendre à revers. La bataille générale se rompt ainsi en une série d’épisodes que le commandement parvient à rassembler. Le soir du 24 octobre est un soir de succès, puisque notre progression est assurée, mais de succès laborieux et incomplet, et des ordres nouveaux sont donnés pour reprendre le lendemain l’attaque sur le fort et le village de Vaux. La journée qui, des carrières d’Haudromont au ravin de la Fausse-Côte, s’achève en triomphe, a été sanglante et disputée sur le sol bouleversé du bois Fumin et dans toute la région de Vaux, On continuera de s’y battre toute la nuit, et le matin du 25 trouvera encore les adversaires aux prises. La défense du fort se fait à distance, aux ouvrages qui le protègent comme des bastions avancés et qui, rendus, le laisseront à découvert.


Chaque épisode mérite sa relation. A la gauche du dispositif, entre le Nez de Souville et la Grande Carrière, opère le 230e régiment qui a pour chef le lieutenant-colonel Viotte. Le lieutenant-colonel Viotte, ancien chef d’état-major d’une excellente division, la 40e, est un petit homme brun, ardent, vivant, vibrant, à l’intelligence prompte, à l’énergie communicative. Il ressent à distance, par une télépathie merveilleuse, tout ce que ressentent ses hommes. — A la guerre on peut tout leur demander, déclare-t-il, et ce sont des gens paisibles de la montagne. — Le 6e bataillon, en liaison avec le 401e qui forme l’aile droite de la division Passaga, s’engage par compagnies accolées, la compagnie de droite avec deux sections d’assaut (1re vague), deux sections de renfort (2e vague), la compagnie de gauche avec ses sections en profondeur (quatre vagues d’une section chacune). Le 5e bataillon part à l’attaque, ses trois compagnies en profondeur, chacune avec trois sections d’assaut et une de renfort, mais les sections formées en colonnes d’escouade par un. — « D’un seul élan, dit le rapport du 6e bataillon, les officiers en tête, les hommes surgissent des tranchées en bon ordre, la baïonnette haute, et s’élancent en avant. Le lieutenant Seigner enlève ses hommes au cri de : « En avant les gars ! vive la France ! » Quelques coups de fusil allemands claquent, quelques hommes tombent tués ou blessés, et le lieutenant Seigner est du nombre de ces derniers. »