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La bataille s’engage immédiatement. Dans la tranchée Brochmuch, les bras se lèvent, les Boches se rendent. Mais il faut que la section du sous-lieutenant Collonge tourne la tranchée Hindenburg pour s’en emparer, et voici que sur le Nez de Souville, aux ouvrages d’Hindenburg, — labyrinthe de tranchées profondes, avec de nombreux trous de renard, — se révèle un centre de résistance ennemie dont la garnison décidée sera difficile à réduire. Le sous-lieutenant Place en entreprend le siège avec sa section. Il en sort, vers midi et demie, une quinzaine de prisonniers. Une heure plus tard, nouvelle sortie : plus de trente, dont un officier. C’est l’effet des grenades bien ajustées. Mais combien sont-ils là dedans ? À en juger par leur fusillade, ils doivent être encore en force. Avec l’aide du sous-lieutenant Rey et de sa section, le lieutenant Place, dont la section a été fort éprouvée, tente un assaut à la baïonnette, mais il est repoussé à coups de grenades. Arrive alors le lieutenant Condamin, — qui est prêtre de son état, — avec une section et demie. Il relève son camarade Place, poursuit le siège méthodiquement, multiplie les démonstrations, pourchasse l’ennemi de réduit en réduit, et, vers huit heures et demie du soir, il tient enfin l’ouvrage tout entier : ce qui restait de la garnison, quarante hommes et un officier, s’est rendu. Après quoi, il se précipite en avant pour rejoindre sa compagnie. Car les vagues d’assaut ont progressé sous le commandement énergique du lieutenant Sautier (22e compagnie), bientôt rejointes par la compagnie (23e) du capitaine Favre. Mais le capitaine Favre vient se heurter à la redoute de la Sablière qu’assiège déjà une section du 401e régiment. Un mouvement tournant, opéré par le sous-lieutenant Collonge, décide de la prise des abris où quarante-huit Allemands sont capturés avec quatre mitrailleuses. Le capitaine Favre poursuit sa marche sur le ravin des Fontaines jusqu’à la tranchée Gotha, en liaison avec le 401e régiment qui arrive sur la croupe de Vaux-Chapitre.

Dans un tel fouillis d’actions, il faut bien commettre l’injustice de choisir et, si l’on rencontre visage plus plaisant ou plus émouvant, le dessiner en deux traits. Les jeunes gens, sur cette guerre longue et triste, jettent un charme d’aisance chevaleresque. Plus détachés du passé, ils se donnent avec plus d’élan à la tâche sacrée. Ce capitaine Favre est à peine majeur, et son grade lui a été donné à titre définitif. Entré à Saint-Cyr un an