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à l’Abri de Combat. Le sous-lieutenant Frécaut dépasse avec ses hommes la tranchée Mudra, détache une fraction sous les ordres du sergent Roujon pour prendre la position par l’Ouest, tandis que lui-même l’attaque de face. Il entre dans l’abri qu’il crible de grenades. Un officier, blessé à la tête, se rend avec six hommes : « Lieutenant, voici ma compagnie, les autres ont été tués. » Mais à peine l’abri est-il occupé, que des mitrailleuses, venant à l’aide, ouvrent le feu. Le sous-lieutenant Frécaut les neutralise avec ses fusils-mitrailleuses.

Reste la fameuse batterie de Damloup. Au 222e on est expéditif, et l’opération n’est pas longue. Deux sections de face, une au Nord-Ouest, une au Sud-Est : tel est le dispositif adopté par le lieutenant Colonna. Il est aidé à l’Ouest par le sous-lieutenant Dechatre de la 19e compagnie, et à l’Est par une section du 30e régiment qui opère à sa droite. A deux heures de l’après-midi, la redoute est en notre pouvoir, avec une centaine de prisonniers dont deux officiers et tout un matériel.

Le bataillon Desrochers des Loges a remporté un succès complet : 500 hommes de troupe, 10 officiers, 2 canons de tranchée, 18 mitrailleuses, plusieurs dépôts de munitions sont tombés entre ses mains. La batterie de Damloup a fourni, de ce butin, la plus grande partie.

Enfin, à l’extrême droite, le bataillon Baillods, du 30e régiment, n’a pas moins brillamment réussi. Il a enlevé la tranchée Werder et la tranchée von Klück qui se rejoignent à l’Est et s’ouvrent en équerre, formant ainsi une position triangulaire. La tranchée von Klück aboutit devant la batterie de Damloup dont elle complète les défenses. Il a payé sa conquête d’un minimum de pertes : un tué et dix-sept blessés dans la journée du 24. Rien dans la préparation n’avait été laissé au hasard : trois bons observatoires avaient permis à l’artillerie de perfectionner son tir. Il est vrai que la zone à maîtriser était sans profondeur pour l’ennemi qui avait à des le fond de la Gayette, en sorte qu’une fois installé, le vainqueur n’avait aucune réaction à redouter, à la condition toutefois que la batterie de Damloup fût enlevée. La compagnie de gauche du bataillon Baillods, entendant dans le brouillard des mitrailleuses en action de ce côté, inquiète sur son flanc gauche, détacha une flanc-garde d’une section pour parer à ce danger, et ce fut cette section qui donna un coup de main à la compagnie Colonna du 222e.