Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/803

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Forez, est un régiment d’élite dont le drapeau est décoré. Il était désigné pour l’attaque du fort ; le premier détachement qui pénétrera dans le fort, il le fournira. Ce sera pour lui la revanche des journées de juin, si harassantes et angoissantes, qu’il passa aux abords immédiats de Vaux où le commandant Raynal était muré. On était alors sans nouvelles de l’intérieur dont les messages optiques ne parvenaient plus, quand un groupe du 101e, dont le brancardier Vanier, et un groupe du 141e, dont l’aspirant Buffet, réussirent à s’évader dans la nuit du 4 au 5 juin [1] : ils furent recueillis par le 298e, terré entre les Carrières et le Petit Dépôt. Les premiers témoignages, il les a entendus. Il était là encore, lorsque les zouaves et les marsouins, le dépassant le 7 juin, tentèrent le suprême effort de délivrance. Il les vit revenir après l’échec devant les mitrailleuses. Ainsi, les plus pathétiques journées de Vaux, les plus cruelles, il les a vécues et n’en a pas perdu le souvenir. Revenu dans le secteur, il a été choisi pour l’assaut. Le fort qu’il a vu perdre, il le reprendra. Il était prêt à marcher quand arrivent les nouveaux ordres.

La mission confiée au lieutenant Diot, commandant la 21e compagnie, est celle-ci : reconnaître si le fort de Vaux, dans lequel un incendie s’est déclaré, est occupé ou libre de tout ennemi ; dans ce dernier cas, l’occuper. Les hommes sont transportés en automobiles à la batterie du tunnel de Tavannes. Il est huit heures du soir. Le capitaine de Persan, le lieutenant Diot et le sous-lieutenant Lavève qui doit conduire un détachement du génie les ont précédés. A son poste de commandement, le général Andlauer leur a donné ses dernières instructions. Vers dix heures, le lieutenant Diot s’arrête au poste du colonel commandant le 118e qui doit fournir une compagnie de soutien. C’est la compagnie Fouache : elle contournera le fort, le dépassera et s’établira au delà, sur les pentes qui font face à la plaine de la Woëvre.

Le lieutenant Diot se dirige avec sa compagnie aux abords du fort. Vers minuit, trois patrouilles sont envoyées en reconnaissance : une du 298e sur la face Ouest-Sud du fort, celle qui se présente du côté français, et les deux autres du 118e avec ordre de déborder l’objectif à l’Ouest et au Sud-Est. Le lieutenant

  1. Voyez Les Derniers jours du fort de Vaux.