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promettre un avenir heureux. Tandis que cette noble souveraine, qui traitait comme un fils le duc de Cumberland, et h qui n’avaient pas échappé les mérites de la princesse Thyra, écrivait à son amie l’impératrice Augusta afin d’obtenir son intervention auprès de l’Empereur pour qu’il laissât s’accomplir sans récriminer une union qui réunissait toutes les convenances et réalisait les vœux de deux cœurs attirés l’un vers l’autre, la princesse de Galles s’adressait à sa belle-sœur la princesse impériale d’Allemagne. Celle-ci entrait aussitôt dans ses vues et se chargeait de faire accepter le projet par Guillaume Ier. C’était, on le voit, une véritable ligue de femmes qui, sous l’impulsion de l’une d’elles, se formait en faveur des amoureux. Mais il apparut bientôt qu’un si grand effort n’était pas nécessaire. L’Empereur averti n’éleva aucune objection et lorsque, quelques jours plus tard, le roi Christian par une lettre autographe annonça le mariage au kronprinz Frédéric, celui-ci, allant plus loin que son père, répondit par d’affectueuses félicitations. Cette réponse, datée du mois de novembre, arriva à Copenhague où la famille royale venait de rentrer. Heureux de l’avoir reçue, le Roi en fit part à son entourage et à plusieurs membres du corps diplomatique.

« Je tenais essentiellement, disait-il, à ce que cette union, qui s’est décidée en dehors de toute préoccupation dynastique et aura surtout un caractère familial, ne pût être considérée comme une atteinte aux relations cordiales que le Danemark entretient avec l’Allemagne. Avant d’y consentir, j’ai voulu avoir l’assentiment du prince impérial qui me garantit celui de son père. Sa réponse va au delà de ce que j’attendais : en des termes d’une cordialité parfaite, il nous félicite, la Reine et moi, et formule des vœux de bonheur pour nos enfans en exprimant l’espoir que les bonnes relations continueront à exister entre nos deux pays. »

Le Roi aurait pu ajouter que, très vraisemblablement, cette lettre avait été écrite sous l’inspiration de la princesse impériale. En tout cas, rien ne s’opposait plus à la réalisation du projet dont il était question depuis plus de deux mois. Le. duc de Cumberland arrivait à Copenhague le 15 novembre. Le Roi, le prince royal, le prince Waldemar et le ministre d’Angleterre l’attendaient à la gare. Il était conduit aussitôt au château de Fredensborg où résidait la Cour pendant l’automne, et où il espérait