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maisons souveraines d’Allemagne serait placé par le Landtag à la tête du gouvernement « jusqu’à l’accession d’un héritier au trône ; » en attendant, l’empereur Guillaume serait prié d’exercer la souveraineté militaire.

Ces dispositions garantissaient au Cabinet de Berlin une entière maîtrise sur le duché, mais elles réservaient les droits d’un héritier éventuel et conjuraient une incorporation immédiate. Ainsi, par la volonté du gouvernement ducal, « la porte restait ouverte » au duc de Cumberland. C’était aussi par la volonté de l’empereur Guillaume. Il s’était décidé à user de patience et de longanimité envers le prince rebelle et à lui laisser un délai pour accepter, au prix d’une renonciation définitive à ses prétentions sur le Hanovre, les fonds confisqués au moment de l’annexion et la succession de Brunswick. En agissant ainsi, il donnait satisfaction au désir maintes fois exprimé par la reine d’Angleterre et, du même coup, l’avenir du duché n’étant fixé qu’à titre provisoire, le champ restait libre pour toutes les éventualités. Ce sera pendant plus de trente ans la politique de la maison de Hohenzollern envers les héritiers de la maison de Hanovre. Lorsque, au mois d’octobre 1884, après la mort du duc régnant de Brunswick, la couronne restant sans titulaire, le duc de Cumberland proclamera et revendiquera ses droits, le Cabinet de Berlin lui répondra en faisant voter une fois de plus son exclusion par le conseil fédéral de l’Empire ; mais on ne donnera pas de successeur au défunt : un régent sera désigné pour exercer le pouvoir. Décision analogue le 25 février 1907, de telle sorte que si l’héritier légitime, durant cette longue période, est empêché de régner, on aura cependant évité de lui fermer la porte et on ne lui laisse pas ignorer à quelles conditions elle s’ouvrira toute grande pour le laisser entrer. On raisonne et on agit comme si l’on était certain qu’il se lassera de protester et que son intransigeance faiblira tôt ou tard. On estime que ce plan de conduite est plus habile que celui dont quelques hommes violens et inconsidérés se font les avocats.

Il semble établi qu’au moment où il a été adopté, c’est-à-dire en 1879, l’impératrice Augusta et sa bru la princesse impériale ont largement contribué à son adoption. La vieille souveraine n’avait pas toujours eu à se louer de son mari dont, en d’autres temps, les fantaisies galantes s’étaient donné carrière. Mais