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leur commerce extérieur au second rang dans le monde, immédiatement après celui de l’Angleterre. Plus des deux tiers de leurs exportations allaient aux pays qui sont aujourd’hui en guerre avec eux, et si, dans les premiers temps du conflit, ils ont réussi à continuer certaines transactions avec les neutres, dont le territoire avoisine immédiatement le leur, nous ne pensons pas que le volume en ait beaucoup augmenté.

Ce n’est pas au moyen des sous-marins soi-disant marchands, tels que le Bremen et le Deutschland, dont il a été si fort question à une certaine époque et qui sont aujourd’hui amarrés sous bonne garde dans un port anglais, que pourront se faire des échanges de quelque importance à travers l’Atlantique. On se demandera d’ailleurs bientôt quelle est la nation du Nouveau Monde qui serait encore disposée à traiter avec les négocians allemands.

Parmi les usines, il n’y a de prospères que celles qui travaillent pour la guerre et la marine. Les établissemens Krupp sont en pleine activité ; ils ont fondé une filiale près de Munich. Les fabriques de wagons et de locomotives sont actives. Mais un grand nombre d’autres chôment. L’une des nombreuses industries allemandes qui ont souffert de la guerre, est celle de la potasse, dont les exportations ont été considérablement réduites. Le Journal de Francfort, au mois de janvier 1917, n’hésitait pas à déclarer que les sociétés concessionnaires, au lieu de se fortifier comme elles auraient dû le faire en temps de paix, avaient suivi une politique aventureuse. La valeur de leur production, qui avait dépassé 200 millions de marks par an, est tombée à la moitié de ce chiffre. L’intervention de l’Empire a été tardive et viciée par la considération des intérêts que plusieurs Etats particuliers possèdent dans des mines de potasse. Les capitaux qui se sont placés dans ces entreprises sont trop considérables et ne reçoivent qu’une rémunération dérisoire. Il faudra un travail énergique et une politique prévoyante pour assainir cette industrie. On a parlé d’instituer un monopole d’Empiré Mais s’il devait racheter les sociétés sur la base des cours actuels, le résultat serait déplorable pour les finances publiques ; si au contraire on n’attribuait aux propriétaires que la valeur réelle de leurs gisemens, il en résulterait pour eux une perte énorme. Voilà un exemple d’autant plus significatif que l’Allemagne avait jusqu’ici une sorte de monopole de cette