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matière, monopole qui cessera d’ailleurs d’exister, le jour où nous serons rentrés en possession de l’Alsace.

L’ensemble de cette situation a eu sa répercussion sur les finances et sur la monnaie. L’Allemagne ayant vu se fermer la plupart des débouchés au dehors et ne pouvant plus se procurer de disponibilités à l’étranger, a vu son billet de banque se déprécier rapidement. Elle a émis six emprunts, qu’elle a fait souscrire grâce à de nombreux artifices. Elle a augmenté ses ressources propres au moyen des exactions, des pillages, des vols de toute nature dont ses armées se sont rendues coupables : mais elle n’en approche pas moins du moment où elle éprouvera des difficultés croissantes à se procurer les sommes dont elle a besoin pour elle-même et pour ses alliés.

Nous étudierons le budget, les emprunts, les impôts, la situation bancaire et monétaire ; avant de conclure, nous exposerons quelques-unes des idées qui ont actuellement cours en Allemagne au sujet de l’après-guerre et des méthodes envisagées par nos ennemis pour rétablir leur prospérité économique.


I. — BUDGET

Le budget allemand, dont l’origine remonte à la fondation de l’Empire, c’est-à-dire à moins d’un demi-siècle, a suivi une progression rapide, due presque exclusivement aux dépenses militaires. En effet, la plupart des services civils sont assurés par les États particuliers qui ont à leur charge les travaux publics, le commerce, l’industrie, l’instruction publique, la justice, l’agriculture, en un mot tout ce qui n’est pas armée, marine, diplomatie, dette impériale, chemins de fer d’Alsace-Lorraine, assurances ouvrières, postes, télégraphes et téléphones. Pendant longtemps les seules ressources de l’Empire consistaient en impôts de consommation, droits de douane, accise sur un certain nombre de denrées telles que l’alcool, la bière, le sucre, le sel, le tabac, timbre. En cas d’insuffisance de ces recettes, diminuées d’ailleurs par la remise aux États confédérés d’une partie de leur produit, l’Empire était autorisé à réclamer de ces États une contribution dite matriculaire. Théoriquement, il semblait donc qu’il ne dût jamais emprunter, puisque ses déficits, d’après la Constitution, devaient être couverts par les versemens de ses feudataires. Mais il