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par surprise le vote du Reichstag au moment où il lui faisait entrevoir des réformes constitutionnelles démocratiques. « Jamais encore le Reichstag n’avait accordé une somme pareille d’impôts, et jamais il n’avait voté aussi rapidement, presque sans débat ni publicité, tout à peu près ayant été réglé dans le sein de la commission. » Les taxes nouvelles sont critiquées à divers points de vue : la surtaxe à l’impôt d’accroissement de la fortune, parce qu’elle n’est accordée que pour un an ; la taxe des charbons et des transports, parce que c’est l’Empire lui-même qui en paiera la majeure partie, étant en ce moment le plus gros consommateur et transporteur de houille et d’autres matières destinées aux fabrications de guerre. D’une façon générale, le parti social-démocrate reproche à ces mesures de ne reposer sur aucun principe économique, d’avoir été prises au hasard, de façon à saisir l’argent où il se trouve. C’est là un précédent des plus dangereux et qui est gros de périls pour l’après-guerre.


IV. — MONNAIE, BANQUE ET CHANGE

L’étalon monétaire de l’Allemagne est le reichsmark ou mark, qui correspond au pair, c’est-à-dire lorsque les paiemens se font en or, à 1 fr. 23 centimes. Le pivot de la circulation fiduciaire est, depuis la loi fondamentale de 1875, la Reichsbank, banque de l’Empire, au capital de 180 millions, investie du droit d’émettre des billots. A côté d’elle subsistent quatre autres banques d’émission, celles de Bavière, de Wurtemberg, de Saxe et de Bade, dont l’importance est bien moindre.

La question de la circulation des billets, importante à toute époque, prend, en temps de guerre, une gravité particulière. Les yeux du pays et ceux de l’étranger sont fixés sur les bilans des banques et en scrutent avec un intérêt croissant les fluctuations hebdomadaires. Le belligérant qui renonce à publier ce document, fait un aveu de faiblesse significatif, qui pèse lourdement sur son crédit. La Banque austro-hongroise n’a plus communiqué aucun compte depuis le 1er août 1914 ; elle s’est bornée à distribuer à ses actionnaires des dividendes sans les accompagner d’aucun commentaire. Ce silence a contribué à la chute de la couronne, qui est la monnaie la plus dépréciée parmi toutes celles des nations engagées dans la lutte.