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Le gouvernement allemand ne s’est pas opposé à ce que la Banque de l’Empire continuât à foire connaître son actif et son passif. A travers les situations publiées quatre fois par mois, nous avons pu suivre le développement d’une politique qui s’est efforcée d’abord d’être conservatrice, mais qui, sous l’action des circonstances, a été de plus en plus dirigée dans le sens de l’inflation. La règle fondamentale de l’émission des billets en Allemagne est qu’ils doivent être garantis par une encaisse or égale au moins au tiers du chiffre de la circulation. Dès le début de la guerre, ce principe a été violé ; il ne l’a pas été directement par la Banque impériale dont, par divers artifices, les bilans ont été, jusqu’à la fin de 1916, maintenus dans un cadre qui semblait répondre aux exigences de la loi. Mais celle-ci a été tournée de deux manières, par l’émission de billets d’Etat et par la création des caisses de prêt. Les billets d’État consistent en Bons de caisse de l’Empire (Reichskassenscheine). L’origine de ces derniers remonte à une quarantaine d’années, à l’époque où s’accomplit l’unification du système monétaire et bancaire : il en existait, en 1914, 240 millions de marks ; ce chiffre a été porté à 360 millions, et peut-être davantage, au cours de la guerre. D’autre part, dès le début des hostilités, des Caisses de prêt ont fonctionné dans les principales villes allemandes et consenti des avances sur titres et marchandises : ces avances étaient faites au moyen de billets (Darlehens Kassenscheine) dont le montant dépasse aujourd’hui 3 milliards et demi de marks. Ces Casses de prêt faisaient partie de l’arsenal financier que nos ennemis avaient préparé avec le même soin que leur outillage militaire. Toutes les mesures étaient prises ; les documens rédigés et imprimés d’avance. Aussi, dès le premier jour de la mobilisation, ces établissemens ont-ils ouverts leurs guichets. Leur activité s’est particulièrement développée au moment des émissions successives d’emprunts de l’Empire, pour la souscription desquels ils fournissaient d’amples facilités. La Banque impériale est tenue de recevoir les billets des Caisses de prêt aussi bien que les Bons de caisse de l’Empire ; elle est autorisée à les faire figurer dans son encaisse, c’est-à-dire à gager, en les immobilisant, une circulation triple de ses propres billets. On voit quelle atteinte cette réglementation porte aux principes essentiels de l’établissement.

Il résulte de ce procédé que l’on ne saurait se contenter,