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pour comparer la situation de la France et celle de l’Allemagne, de rapprocher les bilans des banques d’émission, même en ajoutant, aux chiffres de celui de la Reichsbank, ceux des banques de Bavière, de Wurtemberg, de Saxe et de Bade. Il faut comprendre, dans le total des billets de banque, celui des Bons de caisse de l’Empire et des Bons des caisses de prêt. On trouve alors qu’au 31 décembre 1916 l’augmentation de la circulation allemande, depuis le 1er août 1914, avait été beaucoup plus rapide que celle de la nôtre. Plus élevée au début de la guerre, la circulation de la Banque de France ne s’était accrue, en 29 mois, que de 150 pour 100, tandis que celle de d’Allemagne a grossi de 265 pour 100. La première était encore couverte, au 31 décembre 1916, par une encaisse métallique du tiers, tandis que l’or en dépôt à la Reichsbank ne dépassait pas le cinquième du papier de diverse nature circulant en Allemagne. Les calculs par lesquels on essaie de faire apparaître une proportion bien plus favorable ont été critiqués même chez nos ennemis. M. Bendixen, directeur de la Banque hypothécaire de Hambourg, dans une brochure intitulée : « Politique monétaire et théorie de l’argent à la lumière de la guerre mondiale » (Währungspolitik und Geldtheorie im lichte des Weltkrieges), n’a pas craint de qualifier d’expédient misérable la disposition législative qui permet à la Banque de faire figurer dans son émission des « chiffons de papier, » fussent-ils revêtus de la signature du caissier de l’Empire ou des directeurs des Caisses de prêt.

L’Allemagne, se rendant compte des dangers que lui fait courir cette inflation, s’efforce de réduire la quantité des billets ou tout au moins de la contenir dans les limites actuelles. Elle encourage l’emploi des chèques en affranchissant ceux-ci de tout droit de timbre. Elle institue le chèque certifié, en déclarant que tout chèque tiré sur la Reichsbank et revêtu du visa de celle-ci l’oblige au paiement entre les mains du porteur. Cette ordonnance fait du chèque certifié une sorte de billet de banque temporaire. On parle de donner aux banques particulières l’autorisation de procéder de même à la certification de leurs chèques.

En dépit de ces mesures, l’augmentation de la circulation n’a pas cessé. Elle a entraîné la hausse des prix et contribué à la dépréciation de la monnaie allemande, que mesure d’une