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austro-hongrois. On voit quelle peine les deux alliés ont à se mettre d’accord.

Si, après avoir examiné les banques d’émission, nous considérons les établissemens particuliers, nous constatons que les banques allemandes ont fait grand état du grossissement de leurs chiffres d’affaires et des dividendes qu’elles ont distribués pendant la guerre. A serrer leurs bilans de près, on découvre le côté factice de cette apparente prospérité et les dangers de la situation. Le marché allemand ayant été livré à lui-même depuis le début de la guerre, une diminution rapide des stocks, une utilisation intense des matières premières disponibles y ont amené une abondance relative de capitaux flottans. Il existe, dans l’Empire, 193 banques ayant un capital supérieur à un million, savoir 5 banques d’émission, 40 banques hypothécaires, et 148 banques de crédit proprement dites. On estime que le portefeuille des banques comprend en moyenne 60 pour 100 d’emprunts et de Bons du Trésor de l’Empire et des Etats, 26 pour 100 de valeurs cotées à la bourse, 14 pour 100 de valeurs diverses. D’autre part, le gros des débiteurs est constitué par l’Empire, les Etats confédérés, les provinces, les communes, les caisses d’épargne, en un mot les administrations publiques, qui ne seront vraisemblablement pas en mesure de rembourser les banques à la fin des hostilités. On peut dès lors se demander si celles-ci auront, à ce moment-là, les ressources nécessaires pour répondre aux demandes que leur clientèle ne manquera pas de leur adresser.

Nous terminerons ce chapitre par un tableau de notre propre situation bancaire que nous emprunterons à un auteur peu suspect de partialité pour nous. Au milieu des calomnies que les Allemands ne se lassent pas de répandre sur tout ce qui est français, nous relèverons un aveu échappé à la plume d’un de leurs économistes, M. Respindeck, qui, dans un livre récent, a étudié nos finances de guerre. « La Banque de France, dit-il, était admirablement préparée à remplir sa triple tâche, d’aider le gouvernement, de créer des signes fiduciaires, de combattre la dépréciation du change. La créance sur le Trésor est couverte par le pays tout entier, par la fortune nationale, la capacité de travail des habitans. La Banque, a, dès le 20 avril 1915, ramené son taux d’escompte à 5 pour 100, c’est-à-dire à un niveau très modéré pour les circonstances ; elle a, par de multiples