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ils sentent eux-mêmes qu’elles ne pourront être rétablies.

Aussi se préoccupent-ils de cimenter une union commerciale de plus en plus intime avec l’Autriche-Hongrie, la Bulgarie et la Turquie, au moyen d’arrangemens douaniers d’une part, de l’autre par le développement des voies de communication, notamment des canaux. La condition première de la combinaison était le renouvellement du compromis entre l’Autriche et la Hongrie qui expire précisément cette année. On sait que les deux moitiés de cette monarchie vivent sous un régime bizarre qui n’est pas même celui de l’union personnelle, puisque l’empereur habsbourgeois n’est connu des Hongrois que comme leur roi, porteur de la couronne de Saint-Etienne. Depuis qu’en 1867 Beust et Andrassy réglèrent pour la première fois selon le nouveau mode les questions économiques et politiques désormais soumises à l’agrément des deux gouvernemens de Vienne et de Budapest, l’accord ne s’est jamais fait que pour dix ans. Or, comme le disait un Homme d’Etat sceptique, les cinq premières années de la décade se passent à éclaircir les points douteux, les cinq dernières à préparer les modifications que chacune des deux parties demandera lors du renouvellement. Les questions douanières, celles du régime des chemins de fer, de la législation sur les sociétés, de la quote-part supportée par la Cisleithanie et la Transleithanie dans les dépenses communes, le problème de la Banque d’émission ont toujours donné lieu à d’âpres débats entre les deux associés, qui vivent en ennemis plutôt qu’en frères.

L’Allemagne savait qu’elle ne pourrait songer à jeter les bases de la retentissante combinaison centre-européenne (Mittel Europa) dont il est fort question aux bords de la Sprée, aussi longtemps que les deux tronçons de la Monarchie alliée ne seraient pas d’accord. Aussi a-t-elle insisté pour qu’une entente, tout au moins de principe, fût conclue entre l’Autriche et la Hongrie. Elle en a reçu l’avis au mois de février 1917. Toutefois, les Parlemens n’ont pas encore donné leur approbation et bien des surprises peuvent encore être réservées de ce côté-là. Le pacte s’étendrait cette fois à vingt et non plus seulement à dix ans.

Les industriels aiment mieux avoir en face d’eux une période plus longue, au cours de laquelle ils pourront amortir des dépenses de premier établissement plus considérables. Mais le