Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 39.djvu/921

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désir de voir le traité signé jusqu’en 1937 est surtout vif du côté de l’Empire allemand, qui se prétend disposé à faire de grands sacrifices à son allié et réclame en échange la certitude d’une plus longue stabilité. La Hongrie aurait obtenu le maintien des droits d’entrée minima de 6 couronnes 30 pour le blé, d’un chiffre proportionnel pour les autres céréales, et une élévation des droits sur la viande et le bétail. La fixation de sa quote-part dans les dépenses communes est réservée, de même que la prolongation du privilège de la Banque.

Les questions de chemins de fer ont été âprement débattues. Les journaux allemands déclarent que cette partie de la discussion a été empreinte de u déloyauté » et que les questions d’exploitation et de tarifs ont été débattues en dehors des considérations d’intérêt général. Ils vont jusqu’à demander qu’on enlève la direction des réseaux aux autorités actuelles pour la remettre entre les mains de l’Etat-major général !

Les Allemands sont loin d’être unanimes à voir leur salut économique dans la conclusion de l’entente de « l’Europe du milieu. » M. Gotheim, député au Reichstag, a un programme tout différent. Il insiste pour que l’Allemagne s’assure partout la clause de la nation la plus favorisée et soit garantie contre toute taxe d’exportation qui serait dirigée contre elle.

Il demande qu’elle puisse librement s’approvisionner de matières premières et vendre ses objets fabriqués ; les deux tiers de son exportation, avant 1914, allaient à ses ennemis et à leurs colonies. Le seul pays qui actuellement fasse concurrence aux produits allemands est le Japon ; mais sa fabrication, d’après M. Gotheim, n’est pas assez soignée pour pouvoir lutter d’une façon durable. L’Allemagne, selon le même auteur, reconquerra bien vite les marchés où elle vendait ses machines électriques, ses produits chimiques. Il condamne l’union douanière de l’Europe centrale. La clause de la nation la plus favorisée, qui est le thème sur lequel roule l’argumentation de M. Gotheim, suppose, dit-il, la réciprocité et ne permet donc pas d’accorder un traitement préférentiel à l’Autriche ni à la Bulgarie ni à la Turquie. Il rappelle que l’Autriche-Hongrie n’absorbait en 1913 que 11 pour 100, la Bulgarie et l’Empire ottoman que 1 pour 100 du total des exportations allemandes. Continuant à raisonner en vainqueur, il demande la suppression des traitemens de préférence, que les métropoles, telles que