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plus incurvée et partant beaucoup plus longue, et aussi de ce que sa vitesse étant moindre, l’influence de celle du vent est proportionnellement plus grande. Ces quelques données montrent, je pense, d’une façon frappante quelles erreurs, quelles pertes de temps et quel gaspillage de munitions commettrait un commandant de batterie qui préparerait son tir sans tenir compte de l’influence du vent. Il va sans dire d’ailleurs que de même qu’un vent longitudinal fait varier la portée, un vent transversal déplace le plan de tir vers la droite ou la gauche et influe sur la dérive. La plupart des vents agissent donc à la fois sur la portée et sur la direction.

L’influence de la température et celle de la pression barométrique ne sont pas moindres. Lorsque la température s’élève, l’air se dilate, sa densité diminue et sa résistance aussi ; le contraire a lieu lorsqu’il fait plus froid. Pareillement, lorsque la pression barométrique augmente, l’air est plus dense et offre plus de résistance à l’avancement des projectiles.

Or les tables de tir dont nous parlerons tout à l’heure et qui sont les bréviaires des commandans de batterie et les auxiliaires indispensables de la préparation des tirs sont calculées pour la température de 15° centigrades et la pression de 750 millimètres. Le poids du mètre cube d’air dans ces conditions est de 1 208 milligrammes ; il s’abaisse à 1 105 milligrammes pour une pression de 690 millimètres et une température de 30° centigrade ; il s’élève au contraire à 1 350 milligrammes pour une pression de 770 millimètres et une température de — 7°, 5. Ces variations de sa densité peuvent donc atteindre 1/5 de sa valeur et leur influence sur les portées sont donc très notables. En revanche et contrairement à ce que fait le vent, la température ni la pression n’agissent sur les directions des trajectoires.

Tout cela montre à quel point l’institution d’observations météorologiques régulières et complètes est nécessaire auprès des commandemens d’artillerie. Aussi, dans l’armée allemande comme dans la nôtre, le baromètre, le thermomètre, l’anémomètre complétés par les ballons-sonde et les cerfs-volans qui vont les porter jusque dans les hautes couches atmosphériques, là où monte et s’infléchit la parabole sifflante des obus, sont devenus des accessoires indispensables du canon.


Tous les phénomènes que nous venons de passer en revue font que des coups successifs tirés sur une hausse unique ne tombent pas