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avec précision sur des cartes à grande échelle (généralement à l’échelle du 1 /20 000) où sont indiqués les emplacemens des batteries, de leurs objectifs et des repères nécessaires à l’exécution et à l’observation du tir. Ces documens topographiques analogues à ceux que les Allemande emploient de leur côté constituent, suivant l’expression aujourd’hui consacrée, des sortes de canevas directeurs du tir. L’échelle du vingt millième, qui est d’ailleurs encore amplifiée dans certaines cartes, est largement suffisante pour la plupart des besoins, puisque 1 centimètre y représente 200 mètres et qu’on peut facilement y faire des déterminations et des pointages à 1 quart de millimètre près, c’est-à-dire à 5 mètres près, ce qui est largement suffisant, les écarts probables des tirs et les erreurs même des déterminations topographiques dépassant cette valeur dans presque tous les cas. Cette échelle a d’ailleurs servi constamment à l’auteur de ces lignes pour ses repérages de batteries par le son, et elle a toujours suffi à tous les besoins.

Sur ces cartes, les emplacemens sont désignés très simplement par leur longitude et leur latitude kilométriques, grâce à un quadrillage kilométrique numéroté à partir d’une origine donnée. Celui-ci permet d’exprimer en mètres les coordonnées des points qui reçoivent d’ailleurs ensuite des désignations conventionnelles.

Ayant placé sur son plan directeur, soigneusement fixé sur la planchette de batterie les positions de ses propres pièces et celles des repères et des objectifs dont on lui a communiqué les coordonnées, le commandant de batterie, peut facilement préparer les élémens de ses tirs futurs par rapport à chacun d’eux.

Pour compléter ce matériel auquel est adjoint le classique rapporteur en zinc, les tables de tir ouvrent dans quelque coin de la « cagna » leurs pages austères où des chiffres balistiques s’alignent en bataille. Nos tables de tir sont d’ailleurs tout à fait analogues à celles de l’ennemi et conçues suivant le même type. Elles sont pour l’officier d’artillerie les compagnes silencieuses de tous les jours, surtout de ceux où l’on se bat, et où les bouches des canons clament la mélodie étourdissante que le chef a déchiffrée au long des noires colonnes numériques.

Pour compléter ceci, il me reste maintenant à exposer brièvement comment, après avoir préparé le tir, on le règle et on l’observe.


CHARLES NORDMANN.