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et le localiser, c’est-à-dire déterminer son existence et sa position. Il faut distinguer d’une manière générale les objectifs mobiles et les objectifs fixes. Parmi les premiers, (et pour ne pas parler ici du tir contre avions et aéronefs qui est un problème très spécial méritant lui-même une étude spéciale), on peut classer par exemple, les convois de ravitaillement ou troupes en marche en arrière des lignes ennemies signalés par les observateurs aériens ou terrestres. Le tir contre de tels objectifs est préparé en utilisant leur position momentanée par rapport à tel point fixe et connu du terrain : telle croisée de route, tel arbre, telle maison, etc. Ce tir contre objectifs mobiles dans ces conditions se ramène au tir contre des points fixes corrigé convenablement.

Quant aux objectifs fixes, tranchées et abris, positions de batterie, nœuds de routes, etc. leur repérage est fait par diverses méthodes, aujourd’hui communément employées par l’ennemi comme par nous-même, et dont certaines sont classiques.

L’observation directe des points intéressants faite des observatoires d’artillerie ou d’infanterie permet en général de les localiser lorsqu’on les voit directement à l’œil nu où à la jumelle. Mieux encore les recoupemens des visées faites sur un point donné d’au moins deux observatoires différens permettent de reporter avec exactitude sur la carte la position de ce point. Quand l’observation terrestre n’est pas possible, on emploie l’observation aérienne complétée par la photographie, et ce sont surtout les photographies prises par les avions de reconnaissance qui permettent de reporter sur les cartes, au moyen d’ingénieuses méthodes de reconstitution, les principaux retranchemens de l’ennemi et ses positions de batterie. Beaucoup de celles-ci étant inaccessibles à la vue, même des avions, à cause des masques naturels ou « camouflés » qui les cachent, on a songé à employer pour les repérer non plus la lumière mais le son. Je décrirai quelque jour les méthodes de repérage par le souque l’ennemi aujourd’hui emploie comme nous et je raconterai leur suggestive histoire. Tout cela fournit les objectifs qu’on situe sur la carte.

Lorsque le but est visible, il suffit de connaître sa distance au canon, et leur différence d’altitude, pour déterminer, à l’aide de la table de tir et des données complémentaires dont nous avons parlé, les élémens initiaux du tir en portée. Mais le but n’étant généralement pas visible, on pointera sur un but auxiliaire, après avoir déterminé l’angle que fait la direction de celui-ci avec celle du but.

Cet angle de direction et la distance sont généralement reportés