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IV

A la date où étaient signés à Pékin les traités du 25 mai 1915, le Parlement japonais siégeait à Tokyo en session extraordinaire pour discuter et voter le budget complémentaire qui lui était soumis par le Cabinet Okuma. Le comte Okuma avait dû, à la fin du mois de, décembre 1914, demander à l’Empereur la dissolution de la Chambre des représentans dont l’énorme majorité était composée des membres du parti dit constitutionnel (Seiyukai), qui avaient soutenu les Cabinets de ses prédécesseurs le marquis Saionji et l’amiral Yamamoto. Des élections générales qui avaient eu lieu au mois de mars était issue une majorité nouvelle, non pas homogène comme la précédente, mais dont les divers élémens, le Doshikai (parti fondé par le prince Katsura), le Kokuminto (parti nationaliste formé des débris de l’ancien parti progressiste), le Chuseikai (parti de M. Ozaki, l’ancien maire de Tokyo), étaient, chacun pour des raisons différentes, favorables à la personnalité et à la politique du comte Okuma. Cette majorité comptait 270 voix environ contre 111.

La session ouverte le 15 mai et close le 10 juin fut, malgré le nombre considérable des voix soutenant le Cabinet, très orageuse et violente. La minorité, composée surtout des membres du parti vaincu, le Seiyukai, ne présenta pas moins de quatre ordres du jour de défiance contre le ministère dont elle attaquait la politique en Chine, la politique intérieure et la politique financière. Le Cabinet Okuma sortit vainqueur de la lutte, après avoir fait ratifier les divers articles de son programme, c’est-à-dire la création de deux nouvelles divisions militaires que depuis trois ans le Parlement avait repoussée, l’augmentation des crédits destinés aux constructions navales et l’adoption des mesures financières requises pour le rétablissement au chiffre de 50 millions de yen du fonds annuel de l’amortissement de la dette qui avait été réduit à 30 millions. — Mais, dans le feu de la bataille, plusieurs des membres du Cabinet avaient été si maltraités par l’assaillant que quatre d’entre eux, les ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur, des Finances, de la Marine, préférèrent se retirer quelques semaines après la clôture de la session. Le vicomte Kato, ministre des Affaires étrangères, dont la politique à l’égard de